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« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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journalier 15 05 15 / iris

vendredi 15 mai 2015, par C Jeanney


 Poussant un meuble, je retrouve une balle, ça me rappelle le chien mort qui me rappelle l’autre chien mort qui me rappelle l’autre maison, puis celle d’avant, l’étang longé pour aller à l’école avec la tortue d’eau qui prenait le soleil, le parc au kiosque où nous faisions des promenades et les mariages les samedis où il fallait accélérer le pas pour ne pas gâcher les photos, les routes familières, le beffroi tout carré, le parking vide du dimanche pour la pratique sans crainte du vélo sans roulettes, l’autre parking en long en large avant qu’il passe son permis, et ses créneaux imaginaires, l’orange des amours en cage l’automne, des lampions adossés au mur, il n’y en n’a pas ici je pense, je pourrais en semer, ce qui me ramène là, à mon point de départ. Je lance la balle dans le jardin plutôt qu’à la poubelle, elle roule près des grandes fleurs mauves, mais je décide de faire faux bond et d’éviter de me rappeler. Je ne laisse pas les souvenirs s’approcher des iris.
 Avec un peu d’acceptation de soi et de patience, ce serait possible de tirer sur le fil infiniment. Quelque chose qu’on retrouve rappelle une autre chose et puis une autre, et ça ne s’arrête pas jusqu’à (ça pourrait faire un texte immense).
 À quel moment décide-t-on qu’il est temps de jeter, de ranger, y compris ce qu’on portait bien fort en l’oubliant.
 J’écris debout, qu’est-ce que ça change. Bien sûr la position du corps, le souffle, le temps de rêverie n’est pas le même. Le bras moins douloureux et la concentration accrue, au moins pendant un temps, celui de trouver dans ceci une routine. Mais dans la tête, "j’écris debout" se tourne vers le Je suis debout de Lucien Suel. Ce qui se passe, debout. Comme prendre la parole. Et hésiter, peut-être que se rassoir ce serait abdiquer, ou abandonner quelque chose (quelque chose qui me paraîtrait grand, mais qui serait minuscule pour les autres, surface trompeuse ou imprenable, ce que font les gâteaux d’Alice lorsqu’elle les mange).

(pendant ce temps, les photos se chargent de tout,mais surtout des couleurs)

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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)

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