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« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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journalier 10 12 15 / surfaces

jeudi 10 décembre 2015, par C Jeanney


 au deuxième étage il y a cette fenêtre éteinte – au rez-de-chaussée c’est allumé, les cuisines du restaurant, seulement des têtes et des épaules, je ne vois pas les bras ni à quoi ils s’occupent – au premier, un homme seul et de dos semble étaler des nappes ou de la pâte – la vitre de la fenêtre éteinte du deuxième n’est qu’un reflet, entier, reflet d’un mur de pierres mais l’angle les fait glisser mystérieusement et c’est comme un vitrail de lignes qui se croisent, losanges solides et irréels, une fenêtre fantôme
 l’encadreur dans la rue principale prend sa retraite, il a mis une affiche local à vendre, il n’encadrera plus les marines les falaises les couples les nouveaux-nés, il sort, à la main une plinthe immense qu’il tient droite comme le sauteur à la perche sa perche, puis il s’en va avec dans l’autre main ses clés, porte fermée
 dans la rue qui tourne, une fenêtre toujours ouverte, des rayons lumineux intermittents au rythme du son de la télé, un enfant accoudé
 une mosaïque de fenêtres une mosaïque de pierres une mosaïque de glissements, mais on dirait que rien ne se chevauche, on pourrait même penser que tout s’accorde au fond, une harmonie silencieuse et invraisemblable ici, la nuit est un son tenu, un son de basse, pratiquement indécelable, comme ces rugissements d’éléphants qui peuvent parcourir des kilomètres de silence mais nous n’entendons pas rugir, seulement le carillon à la surface des choses

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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)

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