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« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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journalier 25 04 16 / trier

lundi 25 avril 2016, par C Jeanney


 il faudrait toujours se méfier des catégorisations et du désir de trier (difficile, parce que c’est un mouvement réflexe du cerveau d’opérer un rangement devant ce qui se présente à lui, de définir des hiérarchies) (pas que ce soit mauvais en soi, mais il faudrait garder à l’esprit ce côté arbitraire et non élucidé, obéissant aussi à des critères qui nous échappent, masqués par ceux qu’on pense raisonnés)
 toute fière tout à l’heure d’en arriver à l’idée qu’il y avait deux sortes de lecteurs
ceux qui veulent qu’un monde s’offre à eux, imaginaire et symbolique, avec ses rouages, sons sens particulier
et ceux qui voudraient un écho du monde, un angle, une approche intranquille
 mais c’est bien plus nuancé que ça, il y a des mondes rouages qui font échos et des approches qui créent un autre monde
 et finalement, en arriver à quoi, à l’inconnu
 derrière les études, les avis charpentés et argumentés autour de tel ou tel livre ou tel(le) auteur(e), est-ce qu’il n’y a pas la même dose d’inconnu que lorsqu’on rencontre quelqu’un, on ne sait pas vraiment pourquoi mais quelque chose survient, de l’ordre du sensible, du mémoriel, de l’émotion d’une expérience individuelle, avec le vertigineux que ça suppose, en déplacement hésitant, au milieu d’indices reconnus à cœur, naturellement, sans en avoir conscience
 face à deux personnes que je ne connais pas, d’un abord similaire (même âge, même style, mêmes circonstances), l’une me semblera plus accessible que l’autre, ça passe par des capteurs internes dont je n’ai pas idée (est-ce que ce n’est pas une intonation qui rappelle une voix aimée, un geste frère d’un autre qu’on a reçu comme tendre parce que provenant d’un(e) proche)
(en musique aussi il y a ce non-dicible, cette sensation d’un espace confortable, propice, ou au contraire rigide, rugueux, repoussant, même si ces musiques, la propice et la non propice, peuvent sembler se rejoindre par d’identiques tonalités, des intentions jumelles)
 quand je lis c’est toujours moi qui lis, et dire à l’autre pourquoi ce que je lis me porte c’est dire (par la bande, en sous-titre) d’autres choses en cascades, dont je connais mal les contours, que je ne saurais pas définir
 l’analyse est là comme un tuteur mais ce n’est pas la plante
(toute cette énergie à lire, voir, entendre, au fond pour se soigner) (l’amie parlait d’égratignures de vie, ce temps passé à chercher chez les autres les mêmes marques)

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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)

Messages

  • maus on en revient à mon côté primaire : je me sens bien dedans (pour un texte, une musique, un tableau)

    bon il m’arrive d’aller au delà (pas jusqu’à essayer de construire un discours sur ma réception parce qu’en suis totalement incapable) mais toujours un arrière petit-goût de forçage… et suis par nature la mauvaise élève parfois touchée par la grâce - admire les bons élèves
    seulement bien sûr en faisant ainsi on risque d’être limité

  • On a souvent les élèves qu’on mérite. Un seul bon prof au bon moment peut changer une vie, un ou des mauvais aussi. Il y a toujours un rapport du fort au faible à un moment donné. Mais on devrait toujours pouvoir apprendre, ne pas l’interdire.

  • Chacun est un centre de tri (au sens postal du terme).
    Il faut choisir (couleur des timbres, imaginaire des destinations, adresse indispensable).
    Parfois, il y a une grève, c’est comme dans la vraie vie, au final !

  • j’aime bien égratignures de vie.. me fait penser à ces griffures de vaccin qui font pénétrer en vous des moyens de lutter , des résistances neuves, (parfois des maux neufs, des mots neufs)

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