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journalier 21 03 17 / traduire - relire - se poser des questions

mardi 21 mars 2017, par C Jeanney


traduire - relire - se poser des questions
ouvrir la traduction
chantier ouvert, ouvert à tous - s’en emparer
une traduction-partage - qui essaime ses trouvailles
trouver - trouver des solutions à l’énigme
le verbe qui n’existe pas dans sa propre langue, que l’on doit remplacer dans la langue d’arrivée par deux ou trois - rendre la simultanéité de ces trois qui ne sont qu’un seul verbe
s’emparer de l’énigmatique - iktsuarpok (attendre impatiemment et regarder sa montre toutes les deux minutes en inuit) - komorebi (la lumière du soleil qui filtre à travers les feuilles des arbres en japonais)
Zweig qui dit Tout écrivain devrait d’abord passer par la traduction car il faut avoir torturé sa propre langue avant d’écrire
une traduction qui déconstruit puis reconstruit, sans peur du vide entre les deux
aller vers l’autre - l’autre voix du passé - l’autre voix du pays éloigné
ne pas ramener cet autre à soi - ne pas réduire cet autre à soi - ne pas perdre ce qui le constitue
ne pas le ramener à soi, mais en soi - une traduction anthropophage
à propulser dans un lieu au-dehors - un lieu autre - commun à tous
aller vers l’autre voix avec humilité - en se cassant la figure
aller vers l’autre voix avec confiance et sentir que certains choix ne sont pas négociables, ni pour lui, ni pour soi
respecter l’autre voix comme un autre soi-même (et c’est le cas, car l’autre c’est soi)
accepter de douter de lui - accepter de douter de soi
douter comme point de départ pour mieux entendre
("entendre", c’est comprendre, mais avec la musique)
comprendre que douter est le moteur pour traduire
comprendre que chercher est le moteur pour traduire
comprendre que nous pouvons tous chercher et tous douter et tous entendre ensemble - et même que ça oblige à devenir meilleur
essayer de traduire une langue étrangère et l’étrangeté d’une langue singulière, étrangère dans sa langue même
comprendre l’étrangeté de sa propre langue dans l’étrangeté de l’autre
avancer en terrain inconnu
traduire le Chinois sans le parler (comme Roubaud, comme Markowicz), traduire le Russe sans le parler (comme Gide)
traduire - écrire
[écrire, avancer sur un pont de singes, avec les planches qui basculent au-dessus du vide et on ne sait pas ce qu’il y a de l’autre côté du pont
traduire, avancer sur un pont de singes, et les planches basculent, mais devant soi il y a la voix de l’autre (une sorte d’Indiana Jones) qui dit que de l’autre côté il y a ce truc / quelque chose qui lui appartient mais qu’il veut bien donner]
comprendre après coup pourquoi on a instinctivement choisi ce mot ou ce mot - comprendre après coup la logique
(comme pour An Unwritten Novel - choisir Un roman non écrit - unwritten - car ce n’est pas "un roman qui n’a pas été écrit" (puisqu’on le lit), ce n’est pas "un roman à écrire" (pas un brouillon d’un roman qui viendrait plus tard, il n’y a pas de plus tard, c’est écrit au présent, dans le présent, c’est présent), et il est "non écrit" car il ne correspond pas aux critères d’écriture des autres romans, il les refuse) (comprendre tous ces arguments de choix après avoir choisi - renversement - amont -aval - passage - aller-retour)

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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)

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