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« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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journalier 27 05 19 - parabole

lundi 27 mai 2019, par C Jeanney


 les élections c’est un peu comme un grand mariage, il y a tous ces préparatifs, les plans de table et les bouquets, les robes des demoiselles d’honneur et les invitations dans les enveloppes, les enterrements de vies de garçons ou de vies de jeunes filles et les discours ardents, beaucoup d’attentes pour le jour j, les familles irréconciliables s’évitent en se toisant, le cousin successful réajuste sa montre pour distribuer sa carte de visite, la pièce-montée est trop crémeuse et un peu écœurante, le vieil oncle raciste force tout le monde à l’écouter, toussant, crachant, les nappes sont déchirées, les danseurs se déhanchent sous les boules disco trop petites, les miettes, les verres vidés, le sol taché, les petits groupes dehors fument solitairement accompagnés, et puis les grandes questions, ’est-ce qu’on y croit’, est-ce qu’ils vont vivre ensemble et être heureux ensemble, combien de temps ça durera, les papiers cadeaux se chiffonnent, le maquillage coule, on est contents, on est déçus, le lendemain on est très fatigués, on est sûrécertains ou dans l’expectative, on se souvient d’autres mariages, d’autres costumes plus fringants, on regarde les photos, certaines méritent d’être encadrées, d’autres ont le pouce en plein milieu sur l’objectif, les doigts d’on-ne-sait-qui ont frotté la vaisselle et balayé, décroché les guirlandes de la salle des fêtes vide, et repartent travailler
 un peu d’histoire :
"dans l’égypte antique, le mariage reflète la volonté de former un couple à l’image des divinités égyptiennes qui possèdent, presque toutes, leur parèdre"
"parèdre (transcription du grec ancien πάρεδρος / páredros) est un nom ou adjectif signifiant littéralement « assis près », « qui est assis à côté de »"
 revenons aux fondamentaux :
qui est assis à coté de ? à côté de qui on s’assoit ?
le choix est large
une plante, une rivière
un monstre déguisé en clown
une tisseuse
un galérien
une statue à qui il manque un bras
une paire de sabots rouges que je garde, parce qu’ils me rappellent une paire de sabots verts une pointure en dessous qu’elle portait, quel étonnement en regardant nos pieds ce jour-là
une fenêtre qui débouche sur un mur qui donne sur un maison, à l’angle un restaurant qui vend aussi des glaces et des cartes postales, un parvis, un hôpital, un jardin public, un chantier, et ces drôles de fleurs dont les pétales ne s’ouvrent pas tous en même temps, c’est d’abord la périphérie qui devient blanche, le centre est en bourgeons, une tête de minotaure et de la pierre remplie de sève
une boule à neige
une collection de dés
un cd de ravel
un crocodile en bois
de la laine
un livre qui répertorie les coquillages lointains, certains plus volumineux que des têtes
le clair lorsqu’il fait apparaître une deuxième gouttière sous la première, puis elle s’efface
l’araignée dont les pattes dépliées en soleil se rétractent chaque matin quand j’ouvre le volet
l’épuisette qui n’a jamais tué de crevettes, parèdre
divinités, mythes, composition de l’être, créatures fantastiques ?
une épuisette pour nous gouverner tous
une épuisette pour nous trouver
une épuisette pour nous amener tous,
et dans les reflets de gouttières nous lier
au pays des parèdres où s’étendent les ...

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