TENTATIVES

« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

DUOS / TRAVAIL COLLABORATIF

rataboumboum la suite a six minutes, texte-duo avec MARYSE HACHE

mardi 3 novembre 2020, par C Jeanney

3 NOVEMBRE 2012__
donc un samedi 16 juin au Centre Cerise, la Nuit Remue.net, Maryse Hache et moi lisons un texte rebond/ping-pong)

http://remue.net/spip.php?article5314

Ci-dessous ce texte avec nos deux voix alternées :

cjeanney

Qui je suis

(d’abord en admettant qu’on mette de côté le palpable le concret, petites cellules implicites qui font leur travail d’ouvrières, ouvrières qualifiés, et vas-y que je te pompe, les clapets à ouvrir, les œufs mollets à digérer, éternuer pour éradiquer la poussière, enfin, ce qu’elles savent faire en pleine autonomie et réussissent souvent (ou la plupart du temps) (ou presque) (ou pratiquement), et moi, ingrate d’en parler seulement lorsqu’elles foirent, ah le joli remerciement, mais je suis bien punie, allez, car elles se vengent, et pèsent sur qui je suis quand je le suis)

Qui-je-suis

(si de côté maintenant c’est admis je pose le sac du corps avec ses fermetures éclairs zippées ou dézippées plus ou moins efficaces)

Quijesuis

celle qui se sort du sac le-je

et qui part à cheval de-je

sur le dos d’un rebond

(rebond : on s’arrête un instant sur sa définition, rebond

c’est un mot que tu m’as appris. Au je (J E) du Quijesuis, on place le mot rebond au centre, centre-soleil, on suit ses bras brillants, saillants, bras légitimes, qu’on trace en traits cheveux de feutre jaune, rayons, rayonnements, sautillements et éclatures dorées, éclaboussures aussi, reçues, pleines poignées, on veille bien à leur place vacante, attentif on se penche, ils z’ont l’air du bien être, ils z’ont l’air du malaise, ils z’ont gémissements, claquement de portes, grelottements, se réchauffent, se marrent, enfin, beaucoup de choses ils z’ont, ils font ces bras, en attendant le son, son du rebond, et qu’il sonne juste)

Quijesuis

je suis la pie et le chat roux, la pie vient boire à une flaque, le chat se pose sur tes genoux

maryse hache

qui quoi comment pourquoi

regarde

je suis la pie et le chat roux

qui quoi comment pourquoi

écoute

je suis pinson et mésange

qui quoi comment pourquoi

jeu de écrirelir jeu liberté de raté ratera ratera pas ratera mieux

boum

suis d’ici là côté rue côté jardin côté mixed border

miette pour rien pour presque rien sauf être là

être avec toi être avec vous bleu de présence dans l’écrirlir

pour les roses ouvertes dans le jardin du monde

pour force en faiblesse sauvage herbes citadines

pour triturer la langue en lumière matin

pour humer terre des hommes

reste

tant de choses à faire

reste

boum

te couche déchiquetée ortie ou pivoine sur visage de guerrière / mort meurt poupée tourterelle enfant / elle était rose la fumée bombardement de la vole explose immeubles poussière / te réveille loin de moissonneuse en rosée lumière soleil d’un char dans la carrière

par la fenêtre écoute ceux qui poussent ceux qui fanent ceux qui butinent ceux qui hurlent ceux qui meurent ceux qui chantent ceux qui te regardent anne. joachim christophe mathilde tilleul syrinx magnolia soulangeana cuisse-de-nymphe-émue chat roux hérisson musaraigne noisetier mésange écoute qui lance respir fragrance légère ou capiteuse trouve dans les plis l’invisible du présent de la langue et travaille l’insu qui accompagne tout doux tout doux

au fond d’un antre enfle quelque fleur vorace

donne de la voix haute lire à voix que veux-tu donne de la voix aux txt que aux txt qui aux txt pissenlits

la suite a six minutes

mange-moi d’amour si tu pouvez

tout doux tout doux

boum

tu dis : "- ne peut se dire cette heure si précise où les pensées déboulent en gestuelle arrêtée, reviennent ceux qui passaient, en soi enfouis animaux invisibles, le visage la joie la main le regard le merci le sérieux le départ non ça ne peut se dire"

boum

de la carcasse ne peut se dire elle flanche abricot au soleil, gonfle exhalaison joyeuse des petits animaux cellules viscères tuyauteries chimie belle usine, ne peut se dire fait mal pattes mains malléoles poplités des buffles amers, ne se disent vaisseaux flottés du fond des mers venus minces à surfaces frissons et éclatures, ni jaune fatigue articule, ni vert décourage neurones, ni rouge rouge la vie des mesdames mesdemoiselles messieurs moindres

ah on vient

Cette langue sera de l’âme pour l’âme, résumant tout, parfums, sons, couleurs, de la pensée accrochant la pensée et tirant.

ça fait son remuement dans les profondeurs, on vient d’un bond sur la scène..

la suite a six minutes

_cjeanney

boum

boum par la fenêtre écoute

ceux qui poussent

(mais attends,

parenthèse,

j’ai menti,

on n’enlève pas le corps ici, on ne pose pas sur le côté le zippé dézippé du corps qui clinche, corps flanche, corps assidu, corps érudit, corps fresque, corps creux creusé de ceux qui meurent le manque, meurent de ce qui pousse le manque, repousse le manque, le corps qui trime et qui insiste, on ne repousse rien parce qu’il parle à voix haute,

écoute, je laisse la parenthèse ouverte,

écoute si ça sonne

par la fenêtre boum

tu dis dans les plis l’invisible du présent de la langue et travaille l’insu

le malgré

le qui n’a pas parlé, qui n’a pu dire, et la gorge enfle, ça se bouscule dans les veines, les globules grosses de sommeil s’étirent elles se réveillent bonjour elles disent mais vont pleurer

le temps presse

regarder l’infinitésimal du quijesuis, petit, petit,

regarde ce qu’il y a

il y a l’épaule éblouissante quelqu’un marche à l’étage clac du bruit dans les tuyaux bruit dans les limbes, les vêtements dans les armoires s’agitent, robes de bal qui furent portées dentelles et sobres guipures bottines boutons à délier et les cols moirés de perles que les mains des mains des anciennes mains cousent rafistolent au jardin se recousent végétales et se mélangent d’humeur humus avant que les fils s’enchevêtrent tiges chèvrefeuille tendre s’endorment doucement

aussi dans Quijesuis tu-me-dis et je vois

la place noire grise bitume le noir et blanc chante cela, le noir&blanc en est le ton exact, sur la place une remorque qu’un camion a laissée, quand la remorque s’ouvre c’est une baleine, immense, elle est posée comme une déesse facile, une virgule lourde, elle en son ventre contient toutes les viscères de la terre, avec des teintes franches, qui tintent, bleu dur, rouge terrible, et du blanc, ce blanc n’est pas une couleur, ce blanc un contenant, blanc aimant aimanté, a capté plus que la lumière, des gens vont dire que la baleine est morte parce qu’elle est immobile, perdue à l’arrière d’un camion, ils ne savent pas le blanc, ce qu’il charrie, ce blanc et la baleine maintenant dans mon corps zippé et dezippé s’installe confortable

pour durer

la suite a six minutes

l’artiste travaille sans filet messieurs dames et porte une baleine en pendentif

balance balance

hop

_maryse hache

hop ça a fait hop

voltige clavicules chèvrefeuilles

saute dru le bonheur

orchestre boumboum

il n’y a pas de filet il n’y a pas de filet

lions panthères biches et loups

dans la sciure brille mica

tambours sonnailles et cuivre

il n’y a pas de filet

boum

aux bords des mondes circulaires tournent blanches figures sphères célestes en compagnes ça remue des lumières vertige

fouet dompte ensauvageries des fonds de bois

marlaguette déploie son mouchoir mouillée de rivière

une blessure trouve un ange

il n’y a pas de filet

boum

le pire n’est pas toujours sûr

balancelles l’une l’autre et devant frissons à l’épaule trapèze effroi et bonheur en sautoir

ici parce que

la suite a six minutes

_cjeanney

balancelles

l’une l’autre

et devant les trapèzes hop !

cordages lisses et des paillettes de chaque côté là où poser ses mains, rétablissements, figures, évolutions de corps zippés, apesanteur, pas sûr le pire

(même si les crépitements échardes calcinées font du bruit, tant de bruit, parfois le son de nos voix se recouvre, attends)

Quijesuis je te suis, verbe suivre, rebond du rebondir sur ta définition, rebond sert à atteindre à entendre rebond, accessoirement aussi à braver les dragons, tu m’étonnes

assises en haut du chapiteau, regarder, malgré que (chars & poussières) malgré que (ce qui ne peut se dire) regarder

la longue traine de clowns et acrobates, et sur la place la baleine danse, grosses fleurs voraces sous ses nageoires et qu’elle effeuille l’air de pas y toucher, voltiges-clavicules-chèvrefeuille

depuis dans le jardin les fleurs comptent, les fleurs sont pas décoratives

elles comptent

pas un deux trois ce qui serait bien emmerdant

elles comptent rataboumboum

la suite à six minutes

comptent en chapelet merlettes zé gazelles lignes zélectriques, tuyaux dentelières tambours, comptent en formant, forment en comptant par-dessus vide et sur lui collent une sorte de parade, un outil, un filet toile d’araignée serré de pêcheur d’écrevisses-lions-panthères-biches, ne se fatiguent pas de compter, de fileter, travail de petites mains petites ouvrières méticuleuses bien obstinées, cycliques, qualifiées les cellules, il suffit de poser sa tête pour voir

rataboum

boum

Dévore la suite

_maryse hache

il suffit / il suffit d’être / devant / dans sa voix / de passer / passer par lire / passer pour voir / écouter / tentatives / devant je suis devant / sonore / entamer le volume / ouvrir la faille / dire :

boum

cabrioles saut de biches grand jeté - ça danse - le panache qu’il y a là-haut - voici le grand défilé voltige- clown de paillettes à farine - boum - lanceuse de couteaux à cran de poissons - boum - dompteuse de crinières à quelques choses - boum - fantôme des serpillères abattoirs - boum - démineuse de goupilles entrechats - boum - arracheuses d’ornières à gradins - boum - planteurs de limaces à silo - boum - tueuses de fourmis à charbon - boum - fumeuses de cigares d’existence - boum- déterreuse d’énigmes à sorbets - boum - cracheuses de soufflets à crapauds - boum - déchiqueteuse de ponctuation - boum - écornifleuse de catastrophes à limaille - boum - strip-teaseuse de vérité cratère - boum - renaisseuse de cendres à fontaine - boum - chanteur de botanique effervescente - boum - traducteur de forêts assassines - boum - avaleuse de trompettes phosphorescentes - boum - transporteuse d’ânes à piano - boum - zinzineuse de mort - modeleuse de jouissance - pisseuse de fond - colleuse de trac - fildeferiste de cave - siffleur d’enseignes - couleuse de sang - leveuse d’aube - bordeuse de monde - dévoreuse de rose hantaï -

suiveuse a six minutes

boum

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