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« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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périphérie de R

samedi 3 novembre 2012, par C Jeanney

Traverser, tourner vers La Houillère, cherchant les ‘vestiges’, le ‘château’, tous deux indiqués sur panneau mais ne trouver que le tracé d’une boucle et se poser à son sommet dans les graviers, à l’entrée du sentier de randonnée de la Ronchotte. Sa marque au sol est une règle de bois soudée en terre.

S’être garée dans un triangle de pierres concassées, être dévisagée par qui le longe, une autre voiture, la seule perdue dans cet endroit et qui s’en sauve.

Les pointes des fougères se recourbent, naissantes, sous la pluie d’un juillet d’automne. Pas de clarté, la lumière constate, n’élucide pas. Constat de toboggan d’enfant au milieu d’herbes hautes, elles recouvrent son escalier ; constat de palissades fatigue, un chenil, béton à ouvertures où des chiens pâles se serrent et se raclent la gorge ; caravane scellée, mangée de végétal, ensevelie sous moisi ; publicités tombées par la force d’usure, la destruction se fait petit mini, une avancée d’animal lent et aux aguets, ventre collé au sol, progression minutieuse sur un chemin où les boîtes aux lettres se griment, vert sombre, fer forgé, arabesques ébarbées sur pied de réverbère, maisonnettes, papillons céramiques, rose bonbon, fausse peinture réparatrice.

Le bois, du bois, route du bois, du sous bois, lieu dit du Sous le bois, arbres à l’horizontale déchue, humidité prégnante et la mousse déposée, couverture insidieuse qui viendrait bâillonner, convaincre. Billes de bois, entassements de bûchettes, parfois couvertes de bâches luisantes et de chaque côté deux bûches tréteaux pour construire.

Un mont rouge, une sorte de lave morte bombée, et ce doit être à cause de lui le tout petit tunnel, une cavité étroite où l’on espère ne pas croiser de véhicule, pendant quelques secondes on allume les phares, attentif, et une fois sorti se retrouver devant l’antiquité bourrée de géraniums, un wagonnet à la fonte clinquante, trop noire, trop propre, désinfectée de son usage.

Les volets sont baissés quand je passe. Plus loin, vers La Côte ou vers Roye, une femme en rouge, parapluie rouge, marche.

Plus loin sur le toit du garage déserté, une voiture bleue, numéro 4, américaine, sans doute vidée de son contenu mais sans doute pleine de ce que les animaux mettent à l’abri.

Plus loin, une « réserve naturelle de chasse ». Un chat blanc traverse la route, par à-coups, décide d’une direction et en une seconde se ravise, il vaudrait mieux ne pas prévoir ici, il est un laps de temps tentaculaire qui attrape les murs et les fige, pilastres sous fleurs jaunes et promotions annoncées obsolètes.

Retrouver le clocher de l’église, le voir de loin, se rassurer, c’est la ’bonne route’, mais s’étonner quand même de cette pointe noire, église fine du Nord, pourrait être d’Hazebrouck (c’est comme ce chevalet qu’on a longé sans s’approcher vraiment, surgirait de Lievin, de Lens, de Germinal).

Plus loin, dans un virage, un panneau ’éboulements’ le long d’une pente. La route glisse, si l’on n’y prend pas garde on tombe dans le courant du Rahin - Rihen ? Rien ? La périphérie m’a déplacée ailleurs.

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