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« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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Signes cliniques

dimanche 6 novembre 2011, par C Jeanney

Ça ressortait à chaque texte. J’ouvrais un nouveau document dans l’ordinateur, je parlais d’une fille, d’une autre fille, d’une « non-moi », et il lui arrivait ces choses absurdes, elle se retrouvait coincée là-bas, dans la chambre, sur le lit d’hôpital. Même en biaisant, en la forçant à s’asseoir dans un jardin, sous un sorbier, elle ne se laissait pas faire et revenait à la chambre toute seule, en somnambule. Comme j’étais en morceaux, ça sortait en morceaux. Ce que j’écrivais éclatait, un truc démembré et bancal. Je me réconfortais en trouvant de la cohérence là-dedans, comme si d’être morcelée justifiait d’écrire morcelé, comme si c’était voulu cette histoire d’éclatement.

Une trajectoire très creux au centre dedans moi, vraiment mes deux bras ne marchent pas ensemble, mais c’est violent aussi de voir que ma fenêtre s’écarte (dans le sens qu’elle devient objet posé à l’écart) et qu’elle me reste en même temps incrustée. Comme dans une toile surréaliste à la Magritte, j’aurais mes bras et mes jambes autour qui dépassent alors, bien sûr, je ne marche pas pareil.

Et François Bon qui dit ce que je n’arrivais pas à formuler « où il n’y a même pas besoin de nommer la maladie, puisque ce n’est pas d’elle qu’il s’agit, mais de la compréhension agrandie de soi-même qu’elle initie ». Les secousses que ça fait.

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