DeLaHaine/34
dimanche 30 juin 2013, par

1. reçue, s’envoie, deux hargnes jouent au volley
2. t’arrive dessus, en équilibre sur un pied en haut d’un pilotis, quoi faire
3. déchire le papier, le mur, et les entrailles du reste
4. sa piscine vide, constamment à remplir, carrelage à fissures
5. te plaque les épaules au mur, toi fixé sur un tabouret
6. toi face au tabouret, hurlant, et tes deux pieds fixés au sol
7. veut te faire avouer et te couper la langue en même temps
8. absorbe par capillarité, sans distinction
9. te fait dire il-faudrait-je-devrais comme on tire au hasard les bras des machines à sous
10. t’enfonce sur la tête le chapeau d’un autre
11. te montre le chapeau d’un autre sur d’autres autres
12. la place autour de toi, vacante, et ça chuchote
13. sa dictature secrète, sous couvertures
14. effacer l’autre pour qui il est, en soi
15. accoutrer l’autre d’habits de carnaval, dansez-maintenant malgré que
16. te cherche sous le nez la goutte de sueur qui prouve, son délice
17. détecte l’épine, n’importe laquelle, la tord pour l’avaler et recommence
18. assène, sûre et certaine, sans l’ombre d’un seul doute, absolument
19. accuse et se récuse, elle n’est pas responsable, sa naissance n’est qu’une réaction
20. la claque au corps et à l’esprit d’un seul tenant
21. déverse, attrape les relents proches, les entraîne
22. rit de ta peine, pleure de la sienne en alternance
23. pleure sur ton rire et chaque larme engrosse la haine suivante
24. rire, larme, saisissement, gravitent autour, elle les avale, les laisse intacts, ils rebondissent
25. te veut noyer, immédiatement, ton agonie subite durerait à perpétuité
26. et un jour tu l’oublies, mais se rappelle à toi en une seconde
27. si meurt, une remplaçante se lève et prend sa place
28. transparente dans ton miroir
29. inutile pour l’autre, dont la sienne est phénoménale
30. chacun la sienne unique, mais la contagion avérée
31. ne sait pas si elle cherche une issue de secours, ne veut pas le savoir
32. s’enroule sur elle-même comme une panthère stérile
33. reçue comme un sac de sable dans chaque pied
34. alors quoi ? dit la voix d’à côté quand tu prétends en faire le tour
.
(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
Messages
1. DeLaHaine/34, 30 juin 2013, 12:50, par brigetoun
ouille, dévaler (avec attention mais en s’appliquant à distance pour ne pas risquer de s’y impliquer) frissonnante, secouée, un rien jubilante.
Fort ma chère amie
2. DeLaHaine/34, 30 juin 2013, 13:41, par Christine Jeanney
Merci beaucoup Brigitte !
en fait, après coup, je me demande : j’ai voulu examiner/mettre à distance ce sentiment. Mais en parler avec hauteur ou sans l’avoir éprouvé n’est pas "valable", et en parler depuis l’intérieur, c’est entâcher ses dires, les rendre soumis au sentiment sans s’en défaire. Je ne dois pas m’exprimer clairement là (je sens que c’est brumeux) mais c’est une contradiction de fond que je ressens, il faudrait l’avis éclairer de la philosophie pour m’aider (demander à Isabelle B ? :-)). Comment parler depuis et en dehors de quelque chose, sachant que trop de distance, ou trop peu, rendent le propos presque illégitime...?
3. DeLaHaine/34, 30 juin 2013, 14:00, par czottele
non, pas illégitime d’en parler, surtout à l’écart, en prenant de la distance pour la cerner dans son ensemble, s’en approcher ensuite pour les détails, et quand elle attaque, s’en écarter d’urgence, sauve qui peut ! 29- 30 - 32 - 33 très fort !
1. DeLaHaine/34, 30 juin 2013, 14:31, par Christine Jeanney
oui, c’est à la fois le sauve-qui-peut, mais aussi je suis soumis-à, à la fois récepteur et émetteur (ça doit être ça qui peut faire qu’on s’en écarte) (je veux dire que se croire humainement pur et non capable de l’éprouver est une illusion - que ce sentiment soit légitime ou pas - et qu’en étant des deux côtés de la porte, on peut peut-être mieux en parler...?) (ma brumitude s’accentue :-)) Merci Christine !
4. DeLaHaine/34, 30 juin 2013, 18:27, par brigetoun
n’ai pas la réponse, il faut tout de même trouver expulsion (dit celle qui a trop gardé quand ça comptait et tempêté pour broutilles), jusqu’à glisser un peu d’ironie, même artificielle, elle permet le surplomb
(ou prendre son sac, non ça c’était au bureau, alors sans sac sortir et faire trois fois le tour du pâté de maisons à grands pas)
5. DeLaHaine/34, 1er juillet 2013, 04:44, par Pierre R Chantelois
Comme le cancer. Nous la savons présente mais nous rejetons la vérité qu’elle puisse s’introduire en nous.
1. DeLaHaine/34, 3 juillet 2013, 17:29, par Christine Jeanney
ah, quel jeu étrange de la savoir et de la nier en même temps, mais est-ce qu’on peut refuser cet équilibre instable... (nous, humains...)