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« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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[Oblique (textes /premier jet)]

elle dit que sur les charniers poussent des fleurs

mercredi 6 novembre 2013, par C Jeanney

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elle dit que sur les charniers poussent des fleurs, elle dit que le théâtre s’effondre et tant pis, ses ruines résonnent plus fortement en nous, dans nos poitrines, boum, jusqu’à en faire danser les os et qu’ils tressautent
et c’est macabre, c’est joyeux, c’est plainte et c’est ritournelle, déchire et rire et tous les sentiments en dégradés, du plus foncé à la lumière la plus ahurissante, c’est de la vie qui tisse du parchemin et l’enlumine, la symphonie numéro 7, allegretto, la pulsion organique humaine, chants et battements, le crescendo de nos paroles fécondes et le pépiement de nos doutes, la direction infime à suivre vaille que vaille qui va en nous élargissant le coeur
les copistes se sont succédé pour illustrer le Liber ad honorem Augusti sive de rebus Siculis, poème épique ; on y voit Henri VI, suivi de son armée, recevoir en offrandes des clés plus grosses que la tête de son cheval ; à gauche, les silhouettes de trois soldats surmontés de sept casques donnent l’illusion du nombre, cottes de mailles, casques en ogive, épées levées ; à droite, une forteresse à trois tourelles crénelées enjambe un mont grisé, le mont comme un mamelon ; de chaque côté des tours, en simples lettres calligraphiées d’un beau rouge foncé, Rocca Arche pour Rocca d’Arce, - la porte Souabe n’y est pas, devrait y être ; l’ensemble est doux, de ces teintes chair et rouille un peu passées ; et puis c’est un don dessiné sur le dos d’un cheval marionnette, cheval blanc gris pommelé pas plus haut qu’un poney ; que tout cela est bel et bon, poème épique /
oblique sur le charnier de la bataille, prise de Naples et conquête de la Sicile, et l’on crevait les yeux à quiconque passait, quiconque fut Guillaume le jeune fils de Tancrède, nobles et évêques brûlés vifs, cadavres déterrés pour qu’on les décapite, sous les fleurs toutes enluminées a poussé le charnier qui ne se voit pas sur l’image, et la tapisserie de Bayeux n’est pas non plus brodée de sang, apparemment
la vieille avec son âne marche d’un bon pas, elle est vaillante / Durante l’ultimo conflitto mondiale, sull’Antico Castello di Rocca d’Arce l’esercito Tedesco installò una postazione contraerea [1] / elle passe au pied du rocher, sans chanter - dansons la carmagnole, vive le son vive le son


[suivant / elle dit qu’il faut tout réécrire]

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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)

Portfolio


[1Pendant le dernier conflit mondial, sur l’emplacement de l’ancien Château d’Arce, l’armée Allemande installa un équipement antiaérien

Messages

  • bon pied bon oeil la vieille cheminant avec tous les siècles d’histoire
    la vieille sans histoire a crapahuté avec un manque, qu’elle bouche vite, avant de se noyer dans plein de petites choses sans passé, sans guère de futur, sans musique - lui reste à en faire théâtre personnel (plus facile si on joue le rôle de celle qui agit)

  • il me reste du roman adapté par Visconti, "Le Guépard" cette image et le rire de Claudia Cardinale, le regard et les yeux qui se plissent d’Alain Delon bientôt borgne, et de cette maison au bas des montagnes, Doganella di Ninfa, il ne lui ressemblait pas pourtant cet oncle, mais cet homme qui sort de son bain, Burt Lancaster, disant au père le voyant nu "oh, je vous en prie mon père, passez moi mon peignoir !!...", le prénom du neveu incarné par Delon, Tancrède, fatalement... Toute la Sicile, toute la chaleur, toutes les oranges (et Ludwig, quelle classe...)

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