Hachème en plein ciel
mardi 9 septembre 2014, par C Jeanney

- au rythme d’un par jour -
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Sur la tige d’un lampadaire, celui-ci tient debout. Il suit les lignes électriques, bon’an mal’an, mais pas seulement. Se repose sur le v inversé des toitures et dans le u des chapiteaux s’allonge. Sur les majuscules girouettes il tourne - celle au cheval noirci, celle au profil de laboureur. Ses bras s’étirent - il le faut bien - périodiquement, selon des données obsolètes, à cause du vent. D’une cime à l’autre, il saute en prenant de l’élan, un mât, une gouttière, et la tête des sapins - pourvu qu’elle ne plie pas. Il est possible qu’il monte. En tout cas, vu d’ici, on dirait qu’il s’élève. Ou c’est nous qui plongeons, plongeons, plongeons plus bas, comment savoir. Les proportions, la perspective - très respectables au demeurant - sont des sciences cyclothymiques. On croit marcher, alors qu’on tombe. Le minuscule au bout de l’ongle pèse aussi lourd que le rocher. Moi qui vous parle, j’ai vu de petites coupures (elles étaient loin) trancher quelqu’un profondément, des entailles comme des ravins. J’ai vu des gens se promener avec le coeur tout arraché. Celui-ci tient debout, il prend appui sur ses barreaux, sur le front nuageux. Une question d’échelle.


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Messages
1. Hachème en plein ciel, 9 septembre 2014, 08:18, par brigetoun
juste en bas de l’échelle le regarder, ne pas penser qu’on plonge, espérer danser dans le ciel, mais garder le sol sous les pieds, et oublier les entailles
(pardon, m’éveille)