– mouettes en vol au-dessus du champ – le sombre fraîchement labouré de la terre en sommeil, la ligne vert foncé pics drus sur l’horizon, découpe d’arbres, le ciel d’un bleu qui tente et elles, les mouettes, elles souples et unies ensemble, l’ample des cercles simples qu’elles redessinent perpétuellement, une glisse qui se disjoint, se superpose, s’attend, elles qui s’appuient sur l’air nonchalamment – travelling depuis la vitre de la voiture – lorsqu’elles sortent du cadre on sait qu’elles continuent sans spectateurs
– brusquerie tête de chat – me fixe à l’encoignure puis file sur le trottoir, longe les voitures, sauvage – filmé en avancée à hauteur de sa croupe – éclats rouges dans les flaques, le caniveau, au fond un post-it de couleur saumon, un numéro de téléphone délavé
– coup de vent, les plaques de tôle qui masquent le chantier basculent, des tuyaux de métal roulent, s’entrechoquent – C’est la guerre ! en voix hors champ suivi d’un rire – gros plan sur les tuyaux couchés
– ficelle blanche nouée à la gouttière – peut-être exprès, danseuse indifférente, imprévisible – un plan continu tremblé
– échafaudage démonté – du gris, du blanc et des morceaux de bois, bords nets, bords déchiquetés, une géométrie disloquée au pied du mur de la chapelle, mur sale, crasse de la pollution des fumées – plan qui monte – en haut le clocher, maladroit à force d’être entièrement blond
– coincée entre deux pans de carton coloré une silhouette – debout, un homme nu dans la vitrine, son regard tragique, vacant – saccades de la marche vers lui puis stop – mélancolie à bords solides – une femme emmitouflée l’observe, puis fait non de la tête en lui tournant le dos (elle parle au téléphone) – je sors mon appareil trop tard, elle est partie

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