journalier 17 12 15 / inexploitable
jeudi 17 décembre 2015, par
– photo inexploitable, espaces brumeux dont parle VW et qu’il faut traverser quand le monde s’interpose, distances entre l’œil et la photographie, entre le dire et le langage, s’ajoutent et allongent davantage les espaces brumeux, inexploitables, ou au contraire c’est en eux qu’a la place de s’élever une autre plainte, pierre et sel, souffles d’air, bruits creux de feuilles recroquevillées ce qu’elles ricochent hors champ – il n’y a pas de hors champ
– invisible le chien sculpté, sa tête déformée parce que la perspective l’envisage partiellement et que ses dimensions sont incomplètes, tout s’aplatit, au point que l’arbre brosse ses branches à grand coups secs, si peu de peinture au bout, s’assèche, toujours dans la même direction, comme s’il avait à démontrer que la surface est plane au cas où nous serions inattentifs
– le capuchon d’une cheminée ferme la boîte, ferme la vue, on voit toujours depuis le fond du tube et fragmenté
– de près, le corps du chien sculpté ressemble à une écorce de baobab
le bois et la pierre sont cousins, des mousses et des lichens variés recouvrent l’un comme l’autre avec leur forêt miniature, pousses de vert, branches minuscules en antennes de céphalopodes, duvet couché mais résistant malgré une constitution sans armature, poil végétal qui s’étend un peu plus chaque jour, monte sur la gorge, le cou, grappille les joues, les escalade pour mieux les envahir, remonte le long du nez, du front, l’humidité dans les creux le renforce, il mange le chien et nous mangerait très facilement si nous ne bougions pas, on fait le tour de la structure d’un air absent ou désinvolte mais dedans immobiles, là il vient, il lèche l’envers de nos semelles, entoure le bord du pied et une fois stabilisé sur les chevilles attend, sûr qu’il est d’investir le reste
(ça n’empêche pas de faire des gestes dans tous les sens je pense, et même ça accompagne, une sorte de sagesse recluse qui aide à supporter des carnages bien plus massifs, et sidérants) la bouche ouverte du chien sculptée fait ce qu’elle peut
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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
Messages
1. journalier 17 12 15 / inexploitable, 17 décembre 2015, 16:34, par brigetoun
merveilleuse photo inexploitable qui permet telle exploitation
(beaucoup aimé "c’est en eux qu’a la place de s’élever une autre plainte, pierre et sel, souffles d’air, bruits creux de feuilles recroquevillées .." mais l’exploration de l’espace brumeux récompense d’y être entré
2. journalier 17 12 15 / inexploitable, 17 décembre 2015, 18:39, par phil
C’est Abel et Canin cette figure, au moins suffisante pour un intitulé. Merci de distribuer quelques piqûres de rappel bien dosées en mythes fondateurs universels. C’est valable pour tous.
3. journalier 17 12 15 / inexploitable, 18 décembre 2015, 08:23, par Dominique Hasselmann
Le concept d’"inexploitable" mérite d’être sculpté.