journalier 20 04 15 / allez-à, attendez
lundi 20 avril 2015, par
– Rendez-vous, allez-à, attendez. La position des corps dans la salle d’attente, quatre femmes à quatre âges de leur vie, la plus jeune gestes étudiés et posture contrôlée, la plus vieille comme chez elle, le bras sur le dossier bouquine. Entre les deux, une indifférente à son image, bien au-delà, et mes deux moi, moi tenue attentive et moi qui observe la position des corps. Une affiche, censée prévenir de maladies terribles, monstres ahuris tête écrasée sur cellophane. Sûrement quelqu’un, ou ils étaient plusieurs, pour penser que ce serait préventif ces gugusses colorés, ou ils ont fait semblant de ne pas comprendre que ça ne servirait pas, qu’il n’y aurait pas d’autre sens à cela, couleurs et formes, que produire une affiche pour produire une affiche, un contrat satisfait, à la portée facultative, puis c’est mon tour. J’emmène mes deux moi avec moi, les autres corps restent à l’arrière, quelque part au sommet du crâne ou dans l’épaule désinvolte, les âges assis à déplier.
– Le soulèvement n’est pas éteint, juste endormi. Il grogne de temps en temps, se tourne dans son sommeil, soupire d’assoupissement, un écrire chien-devant-sa-niche. Pour l’instant il attend que son maître rentre du travail et rien ne l’intéresse, il dort, ou choisit de dormir faute de mieux. C’est un vieux chien, ou en tout cas un chien adulte, pas un chiot inconstant. Pendant qu’il dort, que son maître travaille, l’intérieur de la niche s’allonge, les pans s’écartent, il y passe des trains et des images pivotent, comme une vitre qu’on fait basculer renvoie plus de matière et mélange les cyprès, les passants, un château d’eau, une pelleteuse. Un jour, j’irai vers cet endroit, le chien la niche, l’écrire saura que c’est le jour. Il sera debout sur ses pattes, prêt à partir.
(et les photos pendant ce temps texturent)
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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
Messages
1. journalier 20 04 15 / allez-à, attendez, 20 avril 2015, 22:22, par brigetoun
et le moi qui regarde, et le moi qui se tient réservée, ou qui sourit et dit bonjour (ce qui choque toujours un peu) partirait bien autre part (quand il est Brigetoun)
1. journalier 20 04 15 / allez-à, attendez, 21 avril 2015, 14:10, par Christine Jeanney
(peut-être que dans un monde parallèle nous sommes parties, suivant l’intention du moment, pendant que nos sosies restent à la même place et disent bonjour en souriant ? :-))
2. journalier 20 04 15 / allez-à, attendez, 21 avril 2015, 08:18, par Dominique Hasselmann
les photos abstraites (donc une synthèse de concrétions) vivent leur propre vie, elles ne sont pas enchaînées à la niche.
1. journalier 20 04 15 / allez-à, attendez, 21 avril 2015, 14:14, par Christine Jeanney
Elles sont libres :-)) (ça me rappelle la fable du chien et du loup, j’étais hypnotisée par son illustration enfant, je ne sais pas pourquoi) (je n’ai pas retrouvé l’image, mais la couverture du livre si :-) Merci Dominique pour le souvenir réactivé)
3. journalier 20 04 15 / allez-à, attendez, 21 avril 2015, 09:30, par pascale
"Z ’ avez pas vu Mirza ?" - si, tiens, le voilà ! ... j’entends déjà le clavier☺
1. journalier 20 04 15 / allez-à, attendez, 21 avril 2015, 14:15, par Christine Jeanney
"Mais que fais donc ce chien !" (ah quelle voix il avait :-))
4. journalier 20 04 15 / allez-à, attendez, 21 avril 2015, 15:54, par aunryz
Tout me fait penser à l’escargot
tant il y a ici
ce qui habite et l’habitation
Jusqu’à ce CHIEN qui est aussi sa NICHE
1. journalier 20 04 15 / allez-à, attendez, 21 avril 2015, 19:44, par Christine Jeanney
Magnifique ! Merci :-)