• [protocole (5 textes 5 images tous les 5 jours)]

Un. Sur un site d’éditeur je crois lire « La maison d’édition n’est pas responsable des manuscrits qu’elle ne reçoit pas. » et je trouve ça très bien. De mon côté je ne suis pas responsable des paroles ni prononcées ni entendues, c’est toujours mieux d’en être consciente
UnDeux. J’ai reçu plusieurs adresses postales où envoyer une enveloppe bizarre au contenu bizarrement impromptu façon art postal et l’une d’elles a été fabriquée puis postée.
UnDeuxTrois. Sur un autre site d’une maison d’édition indépendante, une douzaine de livres, dernières parutions, que des noms d’hommes, peut-être que les manuscrits de femmes reçus par cette maison font demi-tour. Ou qu’ils glissent entre le mur et l’étagère et qu’on les trouvera dans plusieurs décennies serties de toiles d’araignée et de poussières indescriptibles.
UnDeuxTroisQuatre. Par association d’idées je fais une recherche (voyage dans le temps) (parce que je suis sadique avec moi-même) (ou parce qu’il y a des miettes qui coincent et que de temps en temps elles font tousser) pour retrouver la trace du tout 1er éditeur de mon tout 1er roman, avec qui je suis en si bons termes que je ne mentionne pas ce livre dans la rubrique LIVRES de mon site. Cet éditeur n’a pas eu d’activités depuis 2018, son catalogue est donc un catalogue de livres morts, mon 1er roman est mort, pauvret qui n’a rien vécu. Par deux fois, j’ai voulu récupérer les droits sur le texte, mais rien à faire, le gus me répond par une facture : je devrais payer pour récupérer les livres invendus (c’est-à-dire tous, vu que cet éditeur est un pro dans le domaine de l’aspiration par le vide, et ça fait une trop grosse facture pour moi). C’est sûrement un gentil garçon, qui n’est même pas une ordure (même pas capable d’être ordure, me dis-je) (rire grinçant). Un adepte de la parole magique qui se voit plus important qu’il ne l’est, c’est ce que j’ai ressenti les deux fois où je lui ai demandé de récupérer mes droits, dans ses réponses, en filigrane, il y avait un oh on s’adresse à moi regardez comme je suis important. C’est ma faute si je n’ai pas vu que ce n’était pas un éditeur mais un imprimeur. Si je pouvais parler à la fille que j’étais alors, je lui dirais barre-toi au lieu d’être heureuse d’être « publiée », comme si tu avais touché le graal pendu à la main de bouddha. Mais je ne peux rien défaire, et je ne peux pas me débarrasser de cette 1ère impression, qui ressemble à ce qu’on éprouve quand on marche avec quelqu’un, on lui parle, c’est une chouette conversation, mais à un moment on continue de parler alors que le quelqu’un s’est arrêté, est resté en arrière, répond au téléphone, bref on a parlé à un reflet dans une vitre qui n’était pas doté de sang, d’artères ou de sinus, et on se retrouve tout bête, comme ces gens qui interpellent le présentateur des infos à la télé.
UnDeuxTroisQuatreCinq. Est-ce que je vais mieux après avoir écrit le UnDeuxTroisQuatre de mon W5 10 ? Peut-être un peu. Si c’est consigné là, cette rancœur qui n’est au fond qu’une forme de douleur, je vais peut-être passer par-dessus. Disons que j’ai raclé ma gorge pour faire passer la miette de travers et que, pour l’instant, à cette seconde, j’y suis presque arrivé sans tousser. Pour mettre tout ça derrière moi et évaluer à son juste niveau l’importance des choses, je choisis 5 photos inutiles, non descriptives, qui ne marchent pas dans la vieille bouillasse collante de mon 1er roman, les pieds collés, mais vaquent dans ce paysage premier qui n’est responsable de rien.

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