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journalier 01 02 19 - idylle nocturne

vendredi 1er février 2019, par C Jeanney


 idiote je suis, je ne sais plus où j’ai noté le nom de cette femme (prénom Mary je crois ?) (anglaise, américaine ?) qui explore le rêve, la texture du rêve, avec des fragments de textes qui s’en échappent (dreamland, landscape ?) mais qui ne sont plus tout à fait du domaine du rêve car elle taille retaille allonge explore développe cette texture pour que cela devienne une sorte de paysage brumeux aux silhouettes réelles et fantomatiques, tenues par des urgences oniriques, concrètes
 je vais devoir éplucher le carnet que je tenais à l’Imec pour retrouver son nom, car c’est là, à l’étage des revues à consulter sur place que j’avais découvert ce travail, des traductions
 ce qui m’avait frappé c’est que ça ne ressemblait à rien de connu, et c’était aussi très massif et très fragile, comme un territoire neuf, très bizarrement, ça donnait envie après lecture de lever la tête avec l’air qu’a l’explorateur dans un film des années cinquante quand il ne sait pas encore que derrière la cascade, les rochers, les plantes de la jungle, il y a tarzan
 je voulais relire pour comprendre comment elle procédait — mes rêves restent souvent des rêves, limités au domaine du rêve, même une fois écrits, ils ont du mal à devenir des textes parce qu’ils restent collés à cette impossibilité de dire des images anarchiques, archaïques
 ou bien c’est un travail de force, un bras de fer, pour ramener le rêve vers soi et vers sa propre réalité de vie, pour l’englober dans la texture plus large de la vie et gommer les limites qui séparent ça de ça — les limites, c’est peut-être le sujet, pour les gommer il faut d’abord les questionner, remettre en cause
 mais Mary (?) Quelquechose, il me semble qu’elle réussissait à faire plus large, le plus large, c’est ce qui m’a toujours surprise/émerveillée, comme ces artistes où on sent bien que le support est un prétexte, pas une contrainte, liberté liberté chérie, vraiment un tour de force de libérer le rêve et soi dans le même mouvement
 peut-être que c’est une façon de voir (regarder l’extérieur de l’intérieur ou bien l’inverse) (et puis se faire confiance)
 par exemple cette nuit cette femme qui me parle, elle me dit « Ça ne vaut rien, mais j’ai mon mot à dire », c’est elle la conférencière dans le cinéma, elle a les cheveux bouclés et elle reprend sans cesse les mêmes pages, elle compte les mots et puis elle compte les jours qui lui faudra pour écrire le nombre de mots qu’il lui faudrait et toute sa vie, son calendrier, son futur, est recouvert de chiffres qui ne communiquent pas entre eux, on ne peut même pas s’en servir pour une addition
 c’est lié, mais je ne sais pas comment, par quel mystère, à ce travail de collage et montage photographique de Gilbert Garcin (justement cette photo s’appelle Idylle Nocturne)

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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)

Messages

  • Mary, Shelley sur le bout de la langue.

    Franchement, ou Frankenstein, elle ose inventer cette créature de rêve (ou de cauchemar), elle galope dans sa propre imagination et on se demande comment ses nuits peuvent être, comme pour Racine, plus belles que ses jours.

    Le fantastique mon(s)tre l’envers du décor : le créateur, c’est Frankenstein et non l’être qu’il a mis deux ans à "enfanter". Naissance et mort des fantômes, la nuit accueille même les hiboux indolents.

  • revenue lire avec plus de conscience de ce que lisais (pas la forme ce matin alors j’avais juste salué) mais mon ignorance des rêves sauf éveillés (et qui acceptent quand veux les dire de se plier au récit, effaçant certains accents, admettant de repousser dans l’inconnu ce que n’éclaire pas etc...) me rend incapable d’autre chose que d’apprécier votre dialogue, de l’extérieur - je pense que je suis lâche

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