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« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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Christophe Grossi, dans racontars (#vaseco de juin 2011)

dimanche 5 juin 2011, par C Jeanney

racontars

jour _ ceux dans mon genre font peu de beaux voyages où il serait éventuellement question d’une Toison à conquérir et quand ils disparaissent un jour ou deux ou quinze on ne se pose pas les questions d’usage mais celles de la raison, on se dit qu’on finira bien par les retrouver, pas besoin de les chercher, le hasard fera le reste, et d’ailleurs cela n’étonne jamais personne quand nous terminons notre séjour collés/écrabouillés/séchés sur le crépis d’un mur ou gonflés par l’eau du puits, la preuve qu’ils l’ont bien cherchée la fatale à force d’avoir fureté, diront-ils en parlant de ceux-là, nous autres ; voilà ce que j’ai entendu de mon petit village, de ma pauvre maison qui m’est une province, et beaucoup davantage, là où, pendant que d’autres vaquaient dans la douceur haut-saônoise, j’ai tenté sans relâches de retenir cette bestiole qui s’entortillait sans fin alors que m’attendait plus haut la saison des amours

nuit _ ai passé tant d’heures à califourchon sur ces bouts de corps tordus, ces emmêlés, ces clones enlacés, enchaînés, durs et froids, que j’ai fini par sombrer et dans mon rêve ce n’étaient plus eux qui s’entrelaçaient mais mes semblables, mes frères, mes soeurs surtout, bleues et jaunes, rouges et blanches, et de loopings en poiriers, d’acrobaties en contorsions, nous étions tous plus vivants que jamais, cela valait bien une absence dans le jour, mais soudain exit, le monstre a bougé, les maîtresses colorées ont disparu, il n’est plus resté qu’une ombre devant le voile, un nez pointu et quelques moustaches qui ne me plaisaient guère : faudrait pas me prendre pour Narcisse moi

Christophe Grossi
qui prend ma place comme je prends la sienne

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