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« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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Christine Zottele dans les vases communicants de janvier 2012

vendredi 6 janvier 2012, par C Jeanney

« Christine Zottele tient un blog, etsansciel, mais pas que, écrit mais pas que, lit mais pas que, partage mais pas que, et c’est sans compter le reste.

Pour ces vases communicants de janvier, nous avons joué avec les cut-up, chacune prenant en point de départ les textes de l’autre, puis s’infiltrant à l’intérieur.

De cette suite de cut-up, nous avons gardé le premier pour qu’il devienne tremplin à un texte plus long. Ensuite, et à la suite, 10 cut-up s’enchaînent avec les photos retravaillées qui les accompagnent.

(c’est un peu compliqué peut-être à expliquer, mais ça donne comme résultat du partage du ping-pong et des échos, l’essence même - l’etsansciel même- de ce qui se passe pendant un vase-communicant, et je remercie Christine - quel magnifique prénom au fait - de cette expérience tellement riche, sensibilité et ouverture, mais pas que) »

Parfois, En attendant, barrières. Barrer le passage pour mieux relier, dit-elle.

En attendant, Patientez, patientez, pour la musique du générique

La vérité d’un pont. code couleur : bleu Et dans les têtes.

Quant à ceux qui ne savent pas lire, il fait jour

Bienvenue tous les visages hagards, dit-elle.

(cut-up de cjeanney d’après la ville parle)

Parfois l’attente. Pour rien, l’attente. Ce/celui / celle qu’on attendait ne vient tout simplement pas, et cette inaction crée barrières. Si c’est le/la garde-barrières, c’est encore pire. En l’occurrence, c’est la dernière garde-barrières de toute la contrée.

Le passage à niveau de ce lieu improbable, permet aux automobilistes de relier la réalité à la réalité. Barrer le passage pour mieux relier, dit-elle. Elle dit toujours En attendant, Patientez, patientez. Qu’est-ce que je fais moi, sinon, attendre ? Attendre le passage du train, que conduit mon amoureux sur les rails, le passage du grand film d’amour sur l’écran. Tiens, ils repassent Jean Gabin, « La Bête Humaine ». Elle s’endort. Le rêve de 00h37 vient de passer à très grande vitesse. Comme un roulement de tambour et des cymbales de cuivre dans la nuit. Pour la musique du générique, on attend le pianiste.

Mon travail n’est pas fini, le bras droit me cuit à force de tourner la manivelle. Il a la grosseur de mes mollets de jeune fille, continue-t-elle. Elle se parle tout le temps. Quand elle lève la barrière (elle a besoin de ses deux bras), les automobilistes - il y en a encore pour la saluer - l’entendent parler mais ne comprennent pas le sens des mots. La vérité d’un pont : lequel ? laquelle ? Il y en a tant. Le pont enjambe l’obstacle, il ne le traverse pas. Il y a des ponts suspendus et des ponts à pattes. Il y a des ponts conquérants et romains, viaducs à particule, des ponts transbordeurs, des ponts basculants, des ponts-levis, des ponts-levants, laissant passer caravelles ou chevaliers. Autant de ponts, autant de vérités. Même pour un pont, plusieurs vérités : le pont levant, tiens, il faut veiller au code couleur. Bleu, l’automobiliste passe sur l’autre rive. Rouge, il attend que la caravelle passe tandis que le chien aboie. Mais c’est une autre histoire que n’a pas racontée Apollinaire, sous le pont de nos bras passe la Seine, faut-il qu’il m’en souvienne… Tout passe, se passe dans la tête de notre garde-barrière. Et dans les têtes des poètes, qui lèvent aussi des barrières, à tour de bras. La nuit surtout. La nuit permet aux ombres d’avancer, de parler moins fort aussi.

Elle attend maintenant le dernier omnibus. Après elle sera tranquille jusqu’au Paris-Brest et au café de 5h12. Elle pourra reposer sa peine. Retrancher un peu de la nuit au jour. Elle ne dort plus depuis longtemps, depuis la nuit du suicidé exactement. Elle n’a pas entendu le cri qu’il n’a pas poussé. Depuis cette nuit, elle lit leurs livres, leurs lettres aux grands suicidés : Van Gogh, Nerval et Virginia Woolf bien sûr… Lisant, dormant, rêvant, passant du rêve à l’éveil, de l’éveil au rêve, sa véritable vie se joue là, dans le passage-là, sans code couleur. Quant à ceux qui ne savent pas lire, il fait jour. Bienvenue tous les visages hagards, dit-elle.

Faite d’écailles, Collée au fond du magma

Une forme étrangère Lâche sa barricade

Par la tête, on me disait

Par la tête

Un peu plus ressemblante

Je saccage ménagère : épluchures

Araignée des plafonds

Neige tombée au puits

Édredons d’or crapauds

Dépareillés mes yeux

Tombent

Baudruche vide vengée

Hublot plia genoux

S’introduire sans suffoquer

Algues dépliées / battre tambour

bercée ensuite

étirer lignes de flottaison

Poignets très blancs

gorge rouge / cou cônes

plumet immobile / ceinture

boissons gazeuses / pipi négligeable

boîte aux lettres

de marbre il était

Elle a débarrassé

une pyramide

Elle n’a pas dit la porte dérobée

Revenue à temps, elle a dit

Prévoir sable et scorpions

Le principal nageait dans la ouate

– très peu de temps, très rarement -

se souvenait de démesure glaçante en va-et-vient

revenait en propre pluie

il s’appliquait derrière son bocal.

Latéralement au hasard à fruits fossiles

Noyaux noirs gouttes carbonisées

Sa langue se rassemble, touche un acte manqué

Regrette

Bascule plus bas

J’écris cette machine bizarre

Quand tu respires tu t’éloignes

J’écris à hauteur de

Je l’installe

Elles vagissent j’écris Tu l’entends

Cette ombre est-elle à travers moi ?

Pas métaphore mais rat libre

Elle insiste nuit de déplacements

Fuir faire attendre espérer traverser atteindre

Nous nous retournions la pourchassions

Au nord de Yokohama

Vois rues ailleurs autre part

La mer claque ses tongs pour le plaisir

Maintenant l’air salé

Là où je me trouve

textes et photos de Christine Zottele

qui prend ma place comme je prends la sienne ce jour


Les autres participants à ce vase communicant du mois sont visibles et visitables depuis ICI, grâce à Brigitte Célérier
.”

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