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« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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[à l’intime (et roumégations)]

#pechakucha #bnf #pnflettres (FACE B)

mercredi 21 novembre 2012, par C Jeanney

dire peut-être ce que le stress
(ou le plaisir, ou la fatigue, ou la place, ou l’à-propos,
ou des connecteurs logiques un peu faiblards, c’est possible) ne m’ont pas permis de formuler sur place
(pendant que, ici sur la face A)

et en empruntant à Dominique Dussidour son titre, Petits récits d’écrire et de penser

écrire est double : collectif & individuel

 collectif, nous écrivons avec/grâce à ce que nous voyons, sentons, entendons, les écritures des autres, le bruits du monde, il n’y a qu’à parcourir le site de Pierre Ménard cinq minutes pour le réaliser

ce sont mouvements d’écrire, ils prennent place dans une grande marée de mots qui nous précèdent, mots qui nous survivront, les petits gestes que nous faisons, les petits gestes que nous sommes parmi eux, collectifs

 individuel, au moment de préparer mentalement la phrase qui viendra, ou au moment d’accomplir le geste qui mène à l’écrire, au moment exact de l’écriture, on ne peut pas être plus seul

Soi, personne d’autre, à retranscrire l’autour,
solitaire

 lirécrire sont un même mouvement, dit Maryse Hache avec raison

 penser l’outil et comment il influence le lirécrire ne peut (peut-être) se faire qu’après, ensuite ou ailleurs, à côté, dans un endroit qui n’est pas l’écriture et qui étrangement ne lui ressemble pas, ce serait comme une autre jambe, un autre bras, cela accompagne le corps qui écrit mais sans prendre sa place

 interroger celui qui écrit sur son écrire est peut-être une vue de l’esprit intellectuelle avec sa finitude, une couche de pensées raisonnables et brillantes et intéressantes et superficielles, car sans l’expérience même, les mains dans le cambouis, le faire, il manque la chair et écrire est une chair, aussi

(je pense aux gestes de la natation que j’ai faits le ventre sur un tabouret, petite, donc de la nage intellectuelle, et sans eau, la chair de la nage est de l’eau, la chair de l’écrire est l’écrire)

 l’habillage qui entoure l’écrire est une question d’époque, c’est une mise en forme qui fluctue, selon que rouleaux, tablettes, papyrus, ipad, livre de poche etc, mais l’écrire transcende ces instances matérielles

l’écrire les utilise comme voies (voix), et ce sont des détails qui donnent formes et sens, mais des détails seulement, un peu comme dans la grande famille des lépidoptères, en cherchant les détails, on trouve le paon du jour, l’aurore et le sphinx tête de mort, ils sont tous papillons, détaillés, mais l’idée rassembleuse est qu’ils volent

 je ne sais pas si je suis un "auteur numérique" quand j’écris
je ne sais pas si existèrent des auteurs tablette, des auteurs machine à écrire, des auteurs plume, des auteurs calepin, des auteurs tweet, un mot est un mot et assemblé avec d’autres il donne une phrase, et selon le rythme et l’assemblage se définissent formes et mouvements et sens et tensions et dire

 un pan des lettres/lectures/instances/études m’échappe, placé dans un contexte social de prise de pouvoir, de hiérarchie, de domination intellectuelle sur autres
et cette hiérarchie bien utile,
sert à écraser qui est placé plus bas que, inférieur/supérieur, et ainsi permettre de se rehausser soi-même

vus sous cet angles, tous les écrits deviennent utilitaires, des outils pour trier ceux qui hum et ceux qui non non
cette hiérarchie sert aussi à rassurer celui/celle qui l’installe, il/elle peut se faire croire qu’on n’est pas tous égaux devant la mort, mais on finira tous squelettes, bande de jeunes, réveillez-vous, tous égaux en poussières de rien/néant, en attendant, oui, qu’il/ou/elle pose les pieds sur la marche du dessus si ça lui chante, mais vacuité, vacuité, et quel rapport avec l’écrire, ou le lirécrire ? sans doute aucun, même si il/elle prétend le contraire

 entendu l’expression "sacrifier du temps à l’écriture"

aussi sensé pour moi que "manger ses dents avec ses oreilles" (?)
sacrifier : Immoler une victime vivante pour en faire l’offrande à un dieu /Accepter de faire ou de laisser mourir quelqu’un pour atteindre un but /Abandonner quelque chose, quelqu’un, les délaisser au profit d’une autre chose, d’une autre personne à laquelle on donne la primauté /Renoncer à quelque chose, à quelqu’un, accepter de les perdre, d’en faire le sacrifice /Faire supporter injustement à quelqu’un, à quelque chose le poids de quelque chose

je prends le métro à Paris dans ma tête j’écris (un pigeon à l’aile cassée, une dame perdue et essoufflée, son beau sourire) je regarde sur le balcon le ballet des mésanges j’écris, je lis j’entends je pars visiter google view j’écris, je déménage j’écris, je reçois des photos de partout j’écris, écrire & temps avancent ensemble sans se lâcher la main, et aucune chèvre conduite au sacrifice n’a été signalée dans les environs

 et sans doute d’autres pensées vont me venir plus tard
car, pour ma part, tournant ici que ce #pechakucha #bnf #pnflettres d’hier
(et m’excuser si ce billet-brouillon n’est pas très clair)

Messages

  • il donne l’impression d’être un peu dans votre crâne, pendant que s’élabore le discours précis et réducteur

  • Parfaitement clair au contraire, Christine, et une description on ne peut plus précise de toutes les pensées qui m’ont agitée (il fallait bien ça pour que je ne m’endorme pas à certains moments) pendant cette longue séance dans l’auditorium de la BNF. Auteur numérique, cela n’a pas de sens, tu fais bien de le dire.... il serait d’ailleurs préférable que cette formule ne prospère pas, car à mon avis elle est passablement négative.
    Et dire ici, au vu et au su de tout le monde et tant pis par ta modestie, que l’un des meilleurs moments fut ton/ta (?) pechakucha, née de ta longue pratique, élaborée, travaillée, jour après jour, des todolists. Un vrai travail entre l’image et le texte, ton ouverture aux images des autres suscitant une vraie création textuelle rêveuse, émouvante, drôle, subtile.... MERCI

  • "manger ses dents avec ses oreilles" c’est vraiment bien ; j’ai bien aimé lire la face b (sur la face a j’ai vu une mienne photo -comme disait Maryse- et je t’en remercie), j’ai bien aimé savoir que vous étiez dans cette salle que je connais un peu, dans ce lieu que je connais un peu rive gauche j’aime savoir le métro aérien du quai de la gare le palais (ah le palais) omnisport de paris bercy et le ministère des phynances et la gare de lyon (tu as vu, c’est rive droite), alors vous étiez là, en vrai, à parler sur les photos ou à côté d’elles, et cependant les choses se font, les avancées continuent, dehors l’air se voile et le temps s’espace, moi même travaillant interrogeant riant dévoilant analysant contredisant la nuit est tombée, il a fait froid, oui, tous en poussière oui, certainement, mais pour le moment, Christine, tous (presque) encore là, et personne (non personne) pour nous dire quoi écrire ni comment ni où... Très content(e)s hein...

  • moi je dis que numérique ou pas, tu es une auteure de grande hauteur parce que tu nous hisses - nous les lirécririeurs - au- dessus de tes épaules sur une échelle horizontalement belle... je prends les deux faces du pechakucha avec gratitude et bonheur : merci pour ce partage, Christine (et j’en veux tous les jours des billets-brouillons comme ça !)

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