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« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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[alvéole]

s’extraire

vendredi 25 janvier 2013, par C Jeanney

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Chacun pris dans une alvéole, celle des bruits, de la ligne de mire, des graines, de l’arrondi.

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S’extraire. Se garder des pensées de vide, d’appréhension du vide, de constat du vide, de recension du vide. Etre attentif, c’est le mouvement contraire, incliner la balance en posant fermement sur son plateau ce qui pourrait faire contrepoids (on ne sait pas à l’avance) (parfois une musique de Debussy) (parfois l’enfant avec ses vocalises, imitations de monstres, héros joyeux). S’extraire mais pas de ça. Bien repérer le vide et le cerner, qu’il ne déborde pas façon buvard sur toutes les pauvres choses sans défenses. Prendre leur défense, défendre la petitesse, petite aile, petit craquement de parquet, petite nuée de vapeur d’eau, pas de mépris. Le mépris, c’est comme du vide qui ronge. Le mépris nait de la rancune. Le fiel du vide, et la rancœur du vide et l’amertume du vide, l’incohérence n’est jamais loin. Ne rien construire sur le mépris, déjà. Rien que ça repousse le sable. C’est difficile, il faut se nettoyer de l’intérieur, et ne pas avoir peur de laisser de la place au pourquoi-pas (le pourquoi-pas comme antidote au vide, et pourquoi pas ? se dire en souriant, en se moquant de soi et de ses injonctions). Bien sûr c’est dérisoire. Comme les bonnes résolutions du jour de l’an, ou les promesses que l’on se fait, sachant à l’avance qu’elles sont blettes (s’ouvrir, ralentir, se poser, entendre, retenir, se donner les moyens de comprendre et entrer en curiosité comme dans un pays neuf. Chaque matin penser à un aéroport, atterrissage et découverte et les mots comme autant de taxis, la foule de ce qui reste à faire, la foule de pistes, myriades de bus et des trajets en éclatures – un mot qu’elle aimait bien – en éclatures, penser à elle, ça ne prévient pas, penser à elle arrive comme un courant d’air chaud, et elle, s’extraire, comme elle savait le faire, sans en tirer de gloire, simplement, comme on boit un verre d’eau, mettre éclatures en italiques en signe d’amour. Puis refermer la parenthèse : c’est illusoire, c’est le genre de bricoles qu’on ne ferme jamais. Alors revenir à S’extraire, dans l’alvéole des mots, en guettant toutes les ouvertures, et l’idée de sa main qu’on touche). Les petites-choses-petites à remercier.

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