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« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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[Oblique (textes /premier jet)]

il y aurait quelqu’un

mardi 22 octobre 2013, par C Jeanney

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il y aurait quelqu’un, ce serait il ou elle, c’est selon, ce serait remonter plus loin, quelqu’un qui serait cette ligne de qui je viens, quelqu’un comme de la fibre optique qui serait fait d’une tresse de faisceaux lumineux et selon qu’on l’incline ce serait il ou elle c’est selon ; d’abord ce serait elle, ses mains qui vibrent et racontent l’histoire de la petite couverture blanche en essuyant ses yeux ; et avant elle ce serait un couple, je ne peux pas remonter plus loin / oblique / l’oblique du temps pèse, il fait courber la tête, on se cogne parfois dessus, dur comme du plexiglas / début, au début, début du fil, au début de la tresse c’est un couple / elle je ne sais pas encore, elle est encore statique, elle est restée là-bas, mais lui je sais qu’il a seize ans, début de siècle, il s’appelle Mariano, Mariano ’avec l’ange’ et il passe les Alpes, il les traverse à pied comme Hannibal, je ne savais pas, et le quelqu’un assis juste à côté de moi s’arrête et me demande de me souvenir des moments où je ne savais pas : lire 15 aventures en montagnes de gautier-languereau sans le savoir, lire des descriptions de conquête sans le savoir, tracer des lignes sur des cartes un devoir de géographie sans le savoir, sans savoir qu’il marche et qu’il a traversé les Alpes et j’aurais pu lever le doigt, dire moi je sais, il a seize ans il traverse les Alpes ; j’espère qu’il n’est pas seul, qu’il porte dans son sac quelque chose de chez lui, qui lui vient de sa mère, une médaille ou une image pieuse, ou un morceau de bois taillé ou quelque chose qui lui rappelle cette autre chose qui n’est pas dite et qui n’avait pas de valeur, ou quelques pièces, une qui brille très fort qu’il garde pour la chance ; il n’est pas gras, ne doit pas être gras mais maigre, peut-être encore aux joues la rondeur de l’enfance, arrête de dire "peut-être" dit quelqu’un ce quelqu’un assis là près de moi, quand tu écris il n’y a pas de peut-être, et puis tu vas trop vite, tu avales trop, tu ne peux pas tout gober d’un coup
si tu écris, tu ne mets pas de peut-être, tu décides, et pas seulement de la montagne mais de tout et du reste avant / il traverse un morceau d’Italie avant les Alpes, il part de là où il la laisse statique, près de Naples ; sans le savoir, sans le savoir, lire la nuit Les derniers jours de Pompéi, s’endormir sur la couverture, le bras contre le livre, moitié ouvert, en plein milieu la fibre optique est allumée par celui ou par celle c’est selon


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Messages

  • ... et souvenir du film (en VF, comme ici !) qui marque tout enfant, une fois vu sur grand écran.

  • quand tu écris il n’y a pas de peut-être ? il y a des c’est qui sont des ce serait et cela n’a plus d’importance, écrits ils sont des c’est
    et la jeunesse aventureuse, par désir et nécessité, s’arrache, reste dans la mère, maigre et parti
    (je crois - lis très très vite là)

  • c’est ça, c’est exactement ça ! souvent, et aujourd’hui plus que jamais, quand je te lis, je me dis, c’est ça, c’est exactement ça que je voulais écrire (ou lire) tout à l’heure... et là encore...

  • (tu sais qu’il venait d’Espagne, et aussi de Gibraltar qui était aussi le prénom d’emprunt d’un des amis de Brassens - "à l’heure où les corbeaux croassent, volant dans l’ombre par milliers..." Victor était le prénom (oui ils portaient le même) de mes deux grands-pères) Ce (c’est bien trouvé, ça, "ce") qui dit "il y a trop de peut-être" se plante (je suis allé voir chercher le pluriel de "grand-père") mais on l’écoute quand même (c’est pour nous faire comprendre des autres)

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