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« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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[Oblique (textes /premier jet)]

la vieille et l’âne, le cordonnier

jeudi 31 octobre 2013, par C Jeanney

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la vieille et l’âne, le cordonnier, on pourrait croire à une fable, à ces images d’épinal , à ces illustrations guimauve rubans anglais et chocolats, il y a de la naïveté et de la propreté un peu gentille (gentil comme on dit du simplet qu’il l’est), la voix de la petite couverture blanche astique du matin jusqu’au soir et c’est propret et ça rutile, et bien pensant, et c’est rageant aussi, que diront les voisins, les apparences se nettoient aussi bien que le sol et les carreaux
/ la-vieille-l’âne-et-le-cordonnier n’est ironique ni amer, ça ne transgresse rien, ça ne détourne pas le courant, pas révolutionnaire, pas novateur, pas supérieur, c’est au ras la terre, broutilles de riens et si petits, ça ne mérite pas la parole, dit la voix de quelqu’un assis juste à côté de moi
pas fou pas neuf
pas insolent
pas agaçant
pas d’acide, pas d’amer, à quoi ça sert ?
pas contre-pied, pas contre,
donc pas d’élévation
aucune
/ mélange subtil, les vivants et les morts divaguent parmi les vivants et les morts, inefficaces ou efficaces peu importe, ce qu’ils ont dans leurs sacs à dos je prends, c’est ma réponse, Je suis un mort qui déambule (elle le disait), eux aussi, et l’oblique se débrouille pour que nous soyons tous égaux
je laisse filer la voix contraire, voix contrariante, une branche sèche, bizarrement sèche malgré le fleuve, dans le courant


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Messages

  • ça ne sert peut être à rien
    mais ça mérite d’être diffusé cette voix - alors go

  • Tu dis "laisser filer une voix" … comme on laisse filer une phrase. Est-ce que c’est cette idée que je peux entendre derrière ce que tu écris. Pardon, je ne devrais pas poser de question ainsi, "ça veut dire ce que ça veut dire, littéralement et dans tous les sens", mais il y a cette image, quelque chose qui file, qu’on laisse faire, qu’on laisse aller, et parfois j’ai l’impression que pour les phrases il en est ainsi.

    • Merci de ta question Isabelle :-)
      (je réfléchis hein, parce que ce n’est pas simple en fait)
      (je crois qu’il y a deux choses en ce moment pour moi dans ce projet et surtout là dans cette partie. D’un côté je "laisse venir" les phrases, dans le sens accueillir, laisser un espace libre pour, mais de l’autre, et particulièrement ici, je laisse filer cette voix précise, je la laisse partir sans chercher à la capter parce qu’elle me déplait, cette voix du "ces petites gens n’ont rien à dire vraiment, ne sont pas des héros".
      Je crois que toutes les deux on envisage de façon très différente le" laisser filer", l’effacement me fait peur, j’écris pour empêcher que ça s’efface, surtout dans ce projet oblique, où c’est souvenirs-passage de témoin-ce qui reste-ce qu’on peut faire avec cette matière-jusqu’à inventer ce qu’on ne sais pas et les gestes frères des gestes autres, (joindre l’autre en écrivant peut-être, et soi par ricochet). Du coup je suis dans le "laisser venir" capter, garder, même en sachant que c’est partie perdue et éphémère. Ce que je prends s’ajoute à ce que je prends, traces et empreintes forment la suite. (sans ça, c’est comme s’il n’y en avait pas) L’avenir, s’il ne repose sur rien, ou sur trop d’espace disponible me semble léger, trop léger pour être vivable. Pour moi, l’effacement c’est comme une négation de l’existence -de l’importance- des autres à travers soi (et je sais que c’est très différent pour toi) (sans doute nous ne mettons pas le même mouvement sous ce mot :-))
      (désolée d’être si brumeuse dans ma réponse)
      (et puis si ça se trouve c’est complètement à côté de ta question, à douze mille lieux à l’ouest :-)

  • peut-être qu’il ne s’agit pas seulement de l’écouter, cette voix (qui n’est pas) sans qualité (à ce qu’on semble entendre- ou à ce qu’on veut écouter) mais aussi de la laisser parler - non pas de lui donner la parole, mais de la lui permettre aussi, et de l’y autoriser... (ce que fait aussi l’auteur, ici) (c’est à dire toi) (et c’est tant mieux) (oui)

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