50 nuances de portes coulissantes
lundi 15 avril 2013, par
explications [1]
...et le placard s’ouvrit délicatement, dévoilant peu à peu, finesse exquise, tout un échafaudage de pendeloques luminescentes, papiers gaufrés, faïences éparses et diaprées. L’adorable fouillis !
...et le placard mais bon sang de (peste) s’ouvre (juron), découvrant un accumoncèlement de trucs qu’est-ce que, et de machins, saletés ! (juron) ah mais qui rangera cette (beep) ?
...et le placard, d’un coup, hop, ça n’a pas traîné, t’as vu comme ? Allez, sac poubelle, turbin
...et le placard glapit. Sa mâchoire glisse latéralement, bruit savonneux et sec, quelques bulles, et dans sa bouche, un gouffre ! Tout au fond, la silhouette d’un porc en tablier et une lampe torche éteinte
...moui...
Ça devrait s’ouvrir.
"Devrait."
Normalement.
La porte, oui, la pousser...
oui, non, je ne sais pas en fait
...le placard gémissait, grinçait ; sa plainte assourdissante, presque sortie du fond des âges, tordait le coeur et vrillait les tympans. En observant les étagères, dans la pénombre, on pouvait voir quelques papiers et, sur eux, certaines marques, à peine perceptibles, mais pourtant bien réelles, de violence récente : froissures, taches, pliures maladroites. Comme des gestes accomplis sous l’emprise d’une peur panique. L’air était froid
...et le placard s’ouvrit GRAND CONFORT, Année de mise en service : 2011, État : comme neuf, Kilométrage : à débattre, Énergie : peu, Capacité : 2 cheval(aux), 5 dés, 1 jeu de scrabble, 14 dossiers/archives, 1 lampe torche, plusieurs puzzles de 500 p dont 1 de 499 p, 1 emballage de mixer vide, Couleur : non spécifiée. Visible du lundi au vendredi, y compris le week-end
...la porte du placard coulisse dans un éternuement (allergie, pollen-poussière-papiers), découvre une rangée de pustules arythmiques (ou plus exactement pelotes de laine) et de pièces de puzzle dépareillées (schizophrénie). État fiévreux de la lampe torche, piles épuisées (asthénie)
...et les deux portes du placard, sculptées dans le granit, s’ouvrent. Derrière elles, émergent d’un capharnaüm d’objets hétéroclites (lampe torche, faïences, dés, jeu d’échec), deux cariatides de marbre, qui portent la voute céleste, à bout de bras
...je me souviens du placard qui s’ouvrait. Il y a si longtemps...temps révolu, si simple, si doux... où les portes coulissaient facilement sans jamais se heurter l’une l’autre
[1] j’ai pensé "un jour j’écrirai 50 nuances de gris, gris clair, gris foncé, gris grège beige mordoré, gris électrique, gris caramel, etc." et ensuite j’ai refermé la porte coulissante du placard de l’entrée, et c’était comme si j’entrevoyais 50 manières de le faire et 50 contenants de placard différents, et donc en voilà 10 sur les 50, à vous de deviner quelle est la nuance (nostalgique, perturbée, fatiguée..) et c’est (peut-être) à suivre...
Messages
1. 50 nuances de portes coulissantes, 15 avril 2013, 09:27, par brigetoun
avec moi, rapidement, les portes n’aimaient plus les rails ou s’y cramponnaient trop, immobiles... ceci dit derrière le rideau qui tient lieu de porte ici c’est pagaille resurgissante régulièrement.
Bon, commentaire sur placard, alors que l’important est le plaisir des mots, mais sais pas
2. 50 nuances de portes coulissantes, 15 avril 2013, 13:09, par Dominique Hasselmann
Le placard se plaque en face de nous, la porte se déguingle et le gris se nuance d’espérances : cela va-t-il finir ? Tir à la roulette(s) ou russe, une chance sur six et non cinquante - si l’on vise le best-seller porno-soft - l’immobilier doit s’accommoder d’un regard en forme de tournevis.
3. 50 nuances de portes coulissantes, 15 avril 2013, 19:51, par czottele
j’aime ( j’attends les quarante autres)
4. 50 nuances de portes coulissantes, 16 avril 2013, 08:51, par Pierre R Chantelois
Je crains par dessus tout les placards. N’y aurais-je pas laissé quelques squelettes à mon insu ?