TENTATIVES

« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

PLACARD DE L’ATELIER

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polyphonie 4

samedi 3 novembre 2012, par c jeanney

Le silence construisait les voix par-dessus les bouches fermées.

Le silence revendiquait des ponts entre les vides.

Le silence prenait des forces à sa relance, s’insinuait en creux, mangeait des miettes de lapements, chuintements saccadés, riens.

Pendant un instant, on y croyait, on le pensait sérieux, organisé, sélecteur, sélectif, indicateur de temps, indicateur des temps, temps du silence, temps mort, disparition, retrait, mise en exergue, vénération, pensée, respect, réflexion, attention, solitude, attente, attente des temps du silence, attente de sa vénération, attente de réflexions, attente de solitudes, solitude d’attendre, silence, importance du silence de l’attente. On y croyait.

Et puis non, le silence était vide. Un matamore gonflé de suffisance, tête haute, se réclamant d’une construction solide, assis sur des gravats. Il n’y avait rien à faire. On ne pouvait compter que sur les voix.

Et sur les sons aussi. C’était un éclatement d’empiètements sur le vide, des sifflements lointains, souffles échappés de vapeur, rails cognés, métal fixe et métal lancé se roulant l’un l’autre, écrasements. Le mélange autonome de pièces inanimées se molestant entre elles, muent par des forces incontrôlables, et les moteurs des camions reprenant leur respiration d’animaux bruyants pendant que les vrais animaux cliquetaient du bec ou que des pattes griffaient le sol mécaniquement.

Les sons ne s’arrêtaient jamais. C’était un gloussement lointain, une poulie tendue et crissante, un filin en bout de course, la répétition solitaire d’un oiseau, trois notes sans cesse reprises que sa gorge fabriquait à l’identique, qu’elle posait sur une hauteur en réponse à une autre gorge éloignée, trois notes en succession d’elles-mêmes, gorges et ventres remplis de la même volonté obscure de marteler l’appel, de le répercuter d’un point à l’autre dans le voyage aléatoire des lignes d’un fil électrique à un autre, tirant des droites neuves en l’air. Les sons dessinaient des chemins comme les voix annonçaient les corps.

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