Les feuilles
lundi 9 décembre 2013, par
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Les feuilles sont recouvertes d’une pellicule blanche, une écriture de sel. Quelqu’un marche dehors, le bruit d’un volet que l’on ouvre, une virgule. Les voix, venues de partout, ne s’asseyent pas toutes près de moi, elles forment de grandes marées diffuses, interrompues par un ronronnement, un claquement, et elles s’échappent. Il y a des recoupements, des risques. Il y a le risque de retrouver le même endroit. De reposer les pieds à la même place, dans l’avancée tapis roulant. Un cœur tissé et rouge à mon chevet, le gui, seul rescapé sur les arbres nus, le gel disparaît dans les champs, s’amenuise comme une mer se retire. Les collines sortent de la brume, une naissance de monts, ils flottent légèrement, légèrement gris, légèrement violets. Un cadeau ancien, oublié, resurgit aujourd’hui, les choses aussi ont une voix, c’était une bougie en forme d’escarpin, calzolaio, elle doit être toujours à la même place. Quand la voix à la petite couverture blanche décide d’un emplacement, il s’éternise, c’est ce qu’elle veut, que s’éternisent les bougies, donc que personne ne les allume.
Et je lui tisse une écriture disait l’amie. Je lui achète une écharpe, rouge pour la chance qu’elle pense y trouver, brodée pour la réconforter, pour la volonté de construire et de contrer l’oblique en même temps, il faut se dépêcher, la vie la mort le temps passent plus vite que ne fond le gel au soleil.
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Messages
1. Les feuilles, 9 décembre 2013, 07:43, par brigitte celerier
au creux de l’hiver, ce suspens peuplé de voix et présences légères
2. Les feuilles, 10 décembre 2013, 06:04, par Pierre R Chantelois
Tisser une écriture pour créer un tricot de mots qui réchauffe l’esprit