Michel Brosseau, dans Entre deux (#vaseco de mai 2010)
mercredi 5 mai 2010, par
" Avant le coucher mon père et moi chacun à un lavabo lui se trouvant jaune moi mentant que pas tellement."
Valérie Rouzeau, Pas revoir
Entre deux
Côte à côte, face au miroir, aurions dit quoi ? Rien, sans doute. Rien. Aurions croisé nos regards, et détourné. Pas bien à l’aise, sûrement, debout l’un à côté de l’autre, et nos images. Nous aurions fait quoi, dans ce silence ? Tu te serais peigné. Tu aurais balancé un peu d’eau sur tes cheveux, une petite bouteille pour ça, son bouchon percé d’un trou. Dans l’espèce de boîte à pharmacie fixée au mur, boîte ferraille blanche. Tu aurais secoué cette bouteille, main droite l’agite pendant que de la gauche peigner tes cheveux en arrière. J’aurais regardé, sans doute. J’aurais été là, bras ballants, à te regarder, silencieux. À regarder ton image dans la glace, sans que tu te doutes qu’un jour je m’y cognerais au miroir. M’y cognerais dur à tenter d’apprivoiser les fantômes qui affleurent au lisse et au froid. Quand seul devant la glace mais tous ceux qui l’habitent.
– texte et photo de Michel Brosseau
qui prend ma place
comme je prends la sienneaujourd’hui-