journalier 08 05 15 / vol de bourdon
vendredi 8 mai 2015, par
– Il y a un endroit dans le jardin, contre un mur, près d’une grille, où s’entend un vrombissement constant, un bourdon sûrement, que j’ai beau chercher, je ne le vois pas.
– Une métaphore vole dans le jardin, son bourdonnement unique et invisible. J’abandonne vite l’idée d’identifier sa source, ce ne serait pas une métaphore sinon, et le bruit est sûrement en moi. En moi, sortant de moi, ce bruit sourd, proche du désagréable, entre un mur et une grille. Le bruit insiste, il demande "qu’est-ce que tu entends ?", mais je comprends "qu’est-ce que tu cherches ?", les bruits sous-entendent parfois. En approchant de cet endroit que la question résonne, et seulement là (ou c’est qu’ailleurs je deviens sourde).
– L’idée de plus en plus présente de reprendre autrement la traduction des Vagues. Peut-être avec des passages moins longs. Une façon d’y entrer, en submergée, différemment. Sans doute difficile pour moi de me défaire de la pression du "rendement", de l’obligation d’avancer, "et que ça serve". Jusqu’ici je m’oblige au paragraphe entier, en forçant, ahanant, et perdant totalement de vue la gratuité. Le chemin est plus important que la destination (c’est d’une banalité, d’une évidence, mais j’avais oublié pourtant).
– Oblique change au fur et à mesure que je travaille les bandes audio, je le trouve plus poreux, plus brumeux qu’au début. Aussi je vois des manques, comme des morceaux coupés sur la photo, hors champ, un cadrage raté, mais je ne sais pas de quelle façon agir, ajouter ce qui manque ou accepter que le manque fasse partie de ce tout construit comme une volute de rien, une métaphore qui s’évapore, peut-être que ça répond à la question dans le jardin, les vrombissements et bourdonnements savent sûrement ce qu’ils font.
(sur les photos de daniel, découvertes aujourd’hui
peut-être une silhouette d’Oblique)
(peut-être
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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
Messages
1. journalier 08 05 15 / vol de bourdon, 8 mai 2015, 18:47, par brigetoun
je suis mal placée pour juger ou conseiller quoi que ce soit (suis sèche pour mes brimborions et sans grande envie)
mais je me permets :
c’est ce qui est hors de l’image, ce sont les cadrages "ratés" qui comptent, qui font vivre, vibrer ce qui est là,
1. journalier 08 05 15 / vol de bourdon, 9 mai 2015, 17:55, par Christine Jeanney
oui, sans doute que les manques nourrissent (mais parfois, envie d’en mettre plus, de cerner plus ce qu’il est possible de cerner)
Merci Brigitte :-)
2. journalier 08 05 15 / vol de bourdon, 8 mai 2015, 19:06, par annaj
j’admire beaucoup l’interrogation qui habite sans cesse tes textes et l’attention des sens et de l’esprit que tu leur apportes... (suis incapable perso.)
1. journalier 08 05 15 / vol de bourdon, 9 mai 2015, 17:57, par Christine Jeanney
Merci Anna
(mais je ne fais pas exprès de m’interroger tout le temps, rien d’admirable, je dois avoir reçu un choc dans la clé usb de ma tête :-))
3. journalier 08 05 15 / vol de bourdon, 9 mai 2015, 07:52, par Dominique Hasselmann
Le vol du bourdon est peut-être un acouphène (rencontré récemment pour la première fois)...
1. journalier 08 05 15 / vol de bourdon, 9 mai 2015, 17:58, par Christine Jeanney
et ô combien fatigant, perturbant (ouf lorsque cela cesse !)
4. journalier 08 05 15 / vol de bourdon, 9 mai 2015, 13:50, par PdB
je suis assez mal placé aussi, comme Brigitte, pour les conseils (d’ailleurs tu n’en demandes pas) (pas vraiment) (pas du tout) (on s’en fout, oui) mais quand même avancer, que ce soit d’un paragraphe, d’une phrase, d’une fréquence. Voilà tout. pour le reste, à Paris, c’es le printemps (on a des bourdons, des acouphènes ou des états d’âme mais sinon, je veux dire sans ça, avancer) (courage et obstination)
1. journalier 08 05 15 / vol de bourdon, 9 mai 2015, 18:01, par Christine Jeanney
"(courage et obstination)"
(je vais me broder ça sur des coussins, un tee-shirt, un porte-clés, et avec les parenthèses, car elles certifient que c’est une devise signée PCH :-))
Merci Pierre