journalier 09 01 19 - ("Des heures et des heures de haine, de partout")
mercredi 9 janvier 2019, par
– "exister" est un verbe complexe - du latin existere ou exsistere, « sortir de », « se manifester, se montrer », composé de ex et de sistere, forme dérivée de stare (« être debout », « être stable »)
– exister-vivre, ou exister-être est un but incroyablement difficile à atteindre et nécessite des béquilles (méditation, relaxation, captation de l’instant, sérénité dans le déferlement, c’est-à-dire sortir de comme disait Sénèque, qui parlait latin couramment)
– exister-aux-yeux-de est une autre paire de manches (diversis tractarus j’ai envie de dire, ou plus prosaïquement otrum peram ov gabardine)
– Deleuze dit qu’il faut savoir "s’affecter de joie"
– c’est-à-dire laisser exister, ou faire exister la joie, et ce faisant faire "fuir la peste", dit-il encore
– exister dans la joie, s’en envelopper
– faut-il, comme deux des trois singes, se cacher les yeux et les oreilles
– s’affecter d’affects, c’est vivre
– dans Les Sept Mercenaires, le personnage de Robert Vaughn a peur : un paysan lui fait comprendre que seuls les morts ne ressentent pas la peur
– en ce moment, janvier 2019, s’affecter d’affects est très sportif, la colère monte sur la tête des autres affects, c’est elle qui fait le plus de bruit
– le bruit contamine le bruit, pour se faire entendre les autres affects doivent crier plus fort que la colère
– se boucher les yeux et les oreilles, ce serait agir comme le Robert Vaughn des Sept Mercenaires qui se cache derrière une palissade en réajustant ses gants, se faisant croire qu’il fait partie de la bataille, mais s’enterrant profond dans le repli et le retrait
– lorsqu’on écrit, on ne devrait pas réajuster ses gants, se replier, se détourner
– mais prendre en notes est terrifiant
– cf ici, ce que fait Guillaume Vissac
– écrire, archiver, ressentir, tâtonner, éprouver, s’éprouver, s’affecter
– j’ouvre Les Misérables au hasard
"J’ai cru vous voir passer une fois que je lisais les journaux sous les arcades de l’Odéon. J’ai couru. Mais non. C’était une personne qui avait un chapeau comme vous. La nuit, je viens ici. Ne craignez pas, personne ne me voit. Je viens regarder vos fenêtres de près."
– quelles fenêtres regarder de près
dans quelle nuit
.
(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
Messages
1. journalier 09 01 19 - ("Des heures et des heures de haine, de partout"), 9 janvier 2019, 10:50, par brigetoun
et Christine me réveille, titille
"s’affecter de joie" (quelle belle formule et belle idée !) mais oui la colère monte, la peur
en fait exister c’est être en équilibre entre le sistere, l’intérieur qui permet de se tenir stable et la monstrance de soi, je comprends pourquoi j’ai tant de mal :-)