journalier 25 05 15 / notes
lundi 25 mai 2015, par
– Ce qui me manque, c’est une carte heuristique de l’endroit où je vais.
– Il n’y a pas de geste inaugural, sauf une sorte de hochement d’épaule interne, ensuite cela s’enchaine, le verbe enchainer utilisé au maximum de ses capacités, dans l’enchainement des particules entre elles et à quoi on s’enchaine, ou à quoi elles m’enchainent. Comme monter soi-même les marches d’un escalier et entreprendre son ascension tout en le construisant. Le mot ascension en revanche ne recouvre qu’un vague mouvement dont je ne sais pas s’il s’élève, mais il se déplace certainement (on n’extrait pas toute la substance des mots à chaque fois, c’est même une exception quand ça arrive).
– Une sonorité couvre mon journalier, comme une voix maussade qui reste à la même hauteur et déplie les constats sans s’offusquer ni rire. C’est sans doute la couleur normale de la feuille sans apprêt (je ne m’en offusque pas et n’en ris pas non plus, mais c’est peut-être contre ce courant que je dois ramer).
– D’habitude, lorsque j’ai un projet, que je tente de l’asseoir ou le suivre, il y a toujours une part de besogneux, une chape de dureté, le sentiment qu’il y a une coquille à percer et qui résiste. Cette fois, avec le projet maison[s]témoin, c’est différent. La coquille est déjà fracturée grâce aux autres, tous les participants. La maison se construit devant moi, chaque ajout reçu comme cadeau (en fait ce projet qui va sa route, sûrement et totalement imprévisible, m’émerveille).
– Maintenant un nouveau dossier sur le bureau, avec un document bloc-notes ouvert, idées en vrac autour de la maison[s]témoin, quelques lignes rapides pour garder un contour précis ou une direction. Trop rapide, l’idée se perd et je ne sais plus où je voulais en venir. Trop détaillée l’idée devient rigide et sèche, morceau de bois (comment faisait Lovecraft et avait-il un sentiment sur sa façon de noter ses idées, trop rapide, trop détaillée ?) (un jour de 1923 il écrit dans son commonplace book "Pièce hermétiquement close — ou au moins pas d’éclairage permis. Une ombre sur le mur", et c’est assez pour moi, comme si l’ombre venait de s’ébrouer).
(pendant ce temps, comme autant de carnets de notes, des palettes)
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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
Messages
1. journalier 25 05 15 / notes, 25 mai 2015, 17:43, par Dominique Hasselmann
Il est logique de marier la peinture aux mots, les touches des tableaux renvoient à celles du micro, une modernisation pour les Courbet, par exemple.
1. journalier 25 05 15 / notes, 26 mai 2015, 13:40, par Christine Jeanney
(imparablement exprimé, Dominique ! :-))
2. journalier 25 05 15 / notes, 25 mai 2015, 17:49, par brigetoun
je me demande quelle touche je pourrais être
et oui nous sommes imprévisibles, échappons à la conception, sans doute, sommes instruments surprenants
nous sommes accaparés avec gourmandise plus ou moins grande l’idée, et oui c’est assez réjouissant
1. journalier 25 05 15 / notes, 26 mai 2015, 13:41, par Christine Jeanney
"instruments surprenants" (j’aime j’aime)
(enfin, moins le côté "instruments", un peu dénué de chair :-))
3. journalier 25 05 15 / notes, 26 mai 2015, 07:25, par PCH
pour la maison(s) c’est pareil, sauf que je ne note rien ; je me demande soit l’objet, soit le film, soit la pièce (j’ai le prochain, le suivant aussi je sais juste qu’il sera français) ; encore que même pas : il y a des choses qui m’apparaissent (j’aime l’article "notre agence" mais je n’y peux rien faire pour le moment, sans doute) ; un peu comme pour les commentaires je n’en pose pas je n’y parviens pas peut-être, c’est compliqué mais c’est enthousiasmant enrichissant (et collaboratif, contributif participatif les trucs en tif comme les trucs en isme il y a vingt ans me font profondément braire) (pro actif tu connais : dlachiotte) : il faut quand même respirer (je ne comprends pas ce projet, mais je le fais)
1. journalier 25 05 15 / notes, 26 mai 2015, 13:43, par Christine Jeanney
(j’adore cette conclusion) (je me demande si je ne vais as la garder et la réutiliser partout) (enfin, partout quand ça me plaît :-)) (pas quand c’est un projet hum)