TENTATIVES

« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

PLACARD DE L’ATELIER

du pourquoi pas

[journalier]

journalier 31 03 15 / a tempo

mardi 31 mars 2015, par c jeanney


 La lenteur, ce qui devrait être fait avec lenteur, vu avec lenteur.
Mais un son passe toujours à la même vitesse sous peine d’être changé, ou c’est nous, notre cerveau qui change quand le son s’entend avec d’autres mesures, celles du temps d’après, ce qui reste des rafales de la nuit, sa profondeur, quand en plein jours les craquements secs, le même vent pourtant, et ce n’est pas le tempo, la vitesse ou l’intensité qui changent mais la couche d’épiderme atteinte ?
 Peut-être que le vent se levant (sans laver son vélo ni vérins révolus comme dirait Boby L) a chamboulé plus que nécessaire et pas seulement cassé quelques pots de fleurs. Fait remonter à la surface ce qui était perdu sous les papiers, une liste ribambelle sans retenue, un clown caché sous un chapeau, l’escalier vertigo, des spectateurs au visage déformé nez écrasé contre l’écran, l’orchestre qui salue, de grandes lettres dessinées sur les joues des enfants et une louche d’eau versée dessus leur nuque, une mélodie "facile".
Mais qu’est-ce que c’est une "mélodie facile", facile à entonner ou facile à entendre, ou elle était facile à composer sol mi ré do ? Parfois "facile" veut dire sincère. Il est parfois facile de faire une chose très compliquée et parfois difficile d’écrire simplement le mot ciel.
 Le "chaos fertile" ce terrain propice pour créer, l’endroit foutoir où ça se superpose d’incongrus qui germent, font germer. L’idée idiote de vouloir chercher ce chaos, d’être attentif à le déceler, soulever des briques pour en découvrir des morceaux. Idée idiote, il est partout visible, pas que dans les détails. Les intentions comme du tissu froissé, on ne voit même plus sa couleur. Il faut s’empêcher de fermer les fenêtres, ou les rouvrir juste après un silence, on ne peut pas s’isoler.
 A compose B, son sentiment, C joue B et s’entraine d’arrache-pied, il transpire, pas le même sentiment, D écoute C jouer B écrit par A, est-ce qu’on retrouve le sentiment premier, où vont les intentions ? Si les premières se sont perdues, je ne sais pas ce qu’on espère. Sur quel sable on marche.
 Lu l’histoire, quelques lignes, de l’homme qui se fit construire un théâtre sur une colline, il n’y chante qu’une seule nuit par an, le reste du temps le bâtiment est silencieux et vide. Une folie singulière aux murs aveugles. Ou cet homme chante tous les jours dans une colline creuse, un théâtre dévasté, piano à queue défait, teintures effilochées, si les gradins semblent occupés ce n’est qu’une illusion d’optique.

(et quand j’ai eu fini d’écrire, des chiens se sont mis à hurler, plusieurs fois, trois ou quatre, une alerte, une malédiction, une demande, c’est monté haut dans les aigus, comme une grande souffrance brève et j’ai eu mal, mais je ne sais pas pourquoi)

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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)

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