oh vous
dimanche 28 avril 2013, par
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« – Mais pourquoi ? Pourquoi ne parlez vous jamais de moi ?
– Qui, moi ?
– Oui, vous ! De moi !
– De vous ?
– Oui ! De moi ! Je vous regarde aller et venir depuis un bon bout de temps, je n’y peux rien, vous êtes dans mon champ de vision, vous passez, là, vous marchez, vous vous installez, tout à votre aise, pff
– Mon aise ?
– Oui, c’est fabuleux cette dose d’indifférence. Je vous surveille du coin de l’œil, rien d’intrusif cependant...
– Vous me rassurez.
– Eh bien, c’est simple, quoi que vous fassiez, rien, rien, RIEN sur moi. Comme si je n’existais pas.
– C’est que je prends le bus.
– Oh la piètre excuse. Je resterai incompris, allez. À cause de gens comme vous. Dans des bus. Vous montez dans des bus, sans gloire. Sans générosité. Sans élan. Les bus de la médiocrité.
– Je vais chez ma sœur.
– Ah, l’excuse de la sœur maintenant. Pitoyable. Tel que vous me voyez, monsieur, je me suis toujours fort bien passé de sœur ! Et je me porte comme un charme ! Ça, au moins, vous ne me l’enlèverez pas !
– Si ça peut vous calmer, je peux lui parler de vous ?... à ma sœur.
– Enfin ! Merci. J’en prends bonne note. »
Il sort un calepin de sa poche, un crayon, et murmure "deux de plus".
Messages
1. oh vous, 28 avril 2013, 15:25, par brigitte celerier
mais c’est pas il, c’est elle, et c’est moi !
la meilleure preuve c’est que je dis moi
(bien campé le personnage, bien absurde le dialogue, plaisir)
1. oh vous, 28 avril 2013, 17:18, par Christine Jeanney
oui, avec "elle" ça marche aussi ! (le seul impératif, c’est qu’il faut prendre le bus) (c’est obligatoire) (sinon, c’est vraiment n’importe quoi ) (et une @brigetoun ne prend pas le bus, c’est incontournable :-))