saugrenette du dédoublement (7)
mercredi 13 mars 2013, par
ainsi, je suis éveillée brutalement, l’aube n’est même pas encore levée, l’oiseau chante, mélodieux, oh ma rage, fluitt fluitt la plaie, et la conscience ensuite que j’ai deux corps : le premier reste au chaud, replace l’oreiller sous sa nuque, frotte ses pieds l’un contre l’autre doucement pour tenter de se rendormir ; le second corps s’arrache du premier, ombre en lévitation, il plane, griffu et irascible, nosferatu, va dans l’entrée, ouvre la porte et sort jeter quelques cailloux, silence ; combien de mes corps sont partis, ainsi la nuit, réparer mon calme apparent, ordonner au monde de se taire, et tant qu’on y est, faire des doigts d’honneur aux chauffards, tirer les pieds des importuns, pincer les joues des boursouflés, arracher les poils des mesquins, des étriqués, mes corps-colère me réintègrent le matin, sont épuisés, et ils voudraient seulement dormir
(manque la photo)
Messages
1. saugrenette du dédoublement, 13 mars 2013, 00:26, par brigitte celerier
mon vieux corps voudrait prendre des leçons de vos corps, aurait souvent besoin d’être deux, pour rester quiet et batailler dehors, pour sourire aimablement en vieille dame et rouspéter comme une harangère quand les djeunes sont trop bruyamment excités (chance en ce moment, c’est un beau ténébreux silencieux)- mais c’est vrai que s’il faut arriver à reposer tous ses corps, sais pas comment vous faites, je mettrais toute la journée à le faire
2. saugrenette du dédoublement, 13 mars 2013, 04:34, par Pierre R Chantelois
J’admire ces braves gens qui peuvent étendre leur carcasse et faire ainsi jouer leurs doubles... devant les témoins incrédules que sont les insomniaques.
3. saugrenette du dédoublement - rien à dire, 13 mars 2013, 08:27, par Elizaleg
rien à dire sinon que c’est bien beau... "il plane, griffu et irascible, nosferatu, va dans l’entrée, ouvre la porte et sort jeter quelques cailloux"... magnifique !