Antoine Emaz, Cambouis, "un orgueil à usage interne"
mercredi 28 mai 2014, par
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« Pas d’argot dans mes poèmes, mais un langage courant, voire familier qui me convient parce que normal, habituel en même temps qu’il est rugueux et porteur de couches de sens possibles, tout en restant très proche.
Si je repense à Klee sous cet angle, il y a bien un rapport entre un dessin simple et une composition savante. Mais l’œuvre ne met pas en avant ce savoir. C’est ce qui m’énerve lorsque la poésie devient élitiste en demandant une initiation préalable. Pour moi, un poème devrait pouvoir être lu par n’importe qui, aussi bien par un paysan ou un ouvrier que par un ado qui sort de la découverte de Baudelaire, aussi bien par un golden boy que par une prof de fac.
En poésie comme dans la vie courante, je supporte mal le mépris et la vanité. Par contre (cf. Reverdy) je comprends bien l’orgueil ; c’est lui qui nous fait tenir debout, au bout. Mais ce doit être un orgueil pour soi, un orgueil à usage interne contre ce qui nous écrase, non pour écraser l’autre. »
Cambouis d’Antoine Emaz
sur Publie.net
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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
Messages
1. Antoine Emaz, Cambouis, "un orgueil à usage interne", 2 juin 2014, 08:41, par Jacques
La poésie à des règles et des contraintes mais ne peut être contenue dans des limites fixées arbitrairement.
Quant au mépris et à la vanité un exemple serait le bienvenu pour éclairer le propos.
Merci
1. Antoine Emaz, Cambouis, "un orgueil à usage interne", 3 juin 2014, 10:16, par Christine Jeanney
je ne peux que vous conseiller de lire Cambouis (trois euros quarante neuf, ça ne risque pas de mettre ne danger le porte-monnaie).
Cet extrait me parle au sens "affectif" du terme. Sans doute que quelque chose (d’indicible, de non explicable) suinte de mépris et de vanité lorsqu’on lit certains textes.
(et qu’au fond de moi je ne crois pas qu’on puisse trouver de réelle nourriture de l’être dans ce qui se construit sur la hargne, la rancœur, la frustration, ces émotions étant selon moi le terreau propice pour le mépris et la vanité)
L’orgueil c’est différent, et j’aime la façon dont Emaz pointe cela.
Merci de votre passage.
2. Antoine Emaz, Cambouis, "un orgueil à usage interne", 3 juin 2014, 21:18, par Jacques
J’ai fait une tentative de lecture infructueuse, trop éloigné de moi.
En revanche Cuisine est un régal. Je me sens plus "chez moi " avec ce texte mais je vous remercie pour la piste que vous avez ouverte pour moi. Vous êtes promue au titre de Scout-Girl (au sens premier s’entend) littéraire... :-)
Merci encore
1. Antoine Emaz, Cambouis, "un orgueil à usage interne", 5 juin 2014, 18:35, par Christine Jeanney
Merci beaucoup, c’est mon premier Scoutage ! (on est peu de choses quand même ;-)). De mon côté, je me sens toujours "chez moi" avec Emaz, c’est très juste cette expression, très parlant, en accord avec ce qu’on peu ressentir.
(parole de scout :-))