Plus d’histoires de Serge Valletti
mardi 6 septembre 2011, par
Le théâtre, un homme sur scène et ses liasses, sur des morceaux de feuilles ses pensées qu’il écrit puis qu’il lit à voix haute et commente, qu’il retrouve, qu’il perd, une joie de la langue qui va, bondissante, d’histoires en remarques, digressions, aphorismes, folies, sagesses en rythmes et alternance, et un cachalot dans un lavabo.
« C’est pas moi qui l’invente ! On peut vérifier ! »
[...] « Mais je parle, je parle, et à force je me rends compte que je suis en train de me planter complètement, mais attention, me planter, me planter, c’est vite dit, comme on dirait d’un petit arbrisseau, avec une grille autour pour pas que les animaux viennent faire leurs besoins dessus et lui grignotent les petites boutures. Alors grillage, eh oui ! et étiquette toujours !
Puis petit sourire vers le public, et là normalement il devrait y avoir un petit frémissement d’une rangée ou deux, tu vois le type sur son siège qui commence à bouger un peu… et tu lis dans son cerveau : « Oh là là ! oh là là, mais qu’est-ce qu’il est en train de faire, là ? Oh ! mais là ! oh ! mais qu’est-ce que c’est là ? Moi tranquille, je viens, je m’installe, je m’assois, je dis bonjour à ma voisine, pardon, le manteau qui coince un peu le fauteuil, la vie quoi ! Tant j’ai déjà prévu un peu qu’après j’allais manger je ne sais où ! C’est une soirée normale, on va voir un type et là, oh ! oh ! mais là ! Il commence avec ses histoires de liasses ! »
C’est vrai que des fois il faut un peu se mettre à la place du public.
C’est vrai quoi !
Mettez-vous un peu à leur place quand même, bon !
On peut comprendre.
J’ai été moi une fois, comme ça dans une salle.
J’avais payé, je ne sais plus trop combien, une véritable fortune pas du tout en rapport avec ce que j’allais voir, mais ça je ne le savais pas encore au moment où j’ai fait le chèque.
Eh bien c’est une expérience qu’il faut faire bien sûr, mais elle a ses limites, car beaucoup de gens ne comprennent pas vraiment de quoi il retourne dans cette histoire, je dirais, d’interprétation, pour aller vite.
C’est-à-dire dans le fait que quelqu’un se mette à dire devant vous quelque chose qui n’est pas ce qu’il pense réellement. Mais comment dire, il interprète c’est ça.
Comme pour une langue étrangère, on a besoin de gens qui traduisent, sinon c’est du chinois, eh bien oui, il faut le dire, très très vite le chinois on se met à ne plus rien y comprendre si on a pas d’interprète !
Eh bien, c’est la même chose pour une langue qu’on comprend depuis qu’on est tout petit, c’est un problème d’interprétation…
J’avais une liasse où j’avais marqué ça, je ne sais plus où je l’ai mise, j’ai classé, mais, bon sang :
Interstice.
Inter de Milan.
Interdiction de fumer.
Je m’en bats l’oeil !
Internat des garçons de Villeparisis.
Bon passons…
Interminables.
Qu’est-ce qu’il y a de marqué ? Oui : « Réunion de personnes sans intérêts. » Admettons, bon…
Interrogations diverses.
Ça doit être là-dedans ! « Interrogations diverses. »
Voyons !
Voilà, qu’est-ce que je disais :
Interrogations sur l’Interprétation Intermittente.
Voilà, c’est ça, c’était difficile à classer parce qu’il y avait plusieurs mots qui commençaient par Inter, alors, à l’index, parce que j’ai un index, ça fout le panaris total, ça quand il y a plusieurs mots qui commencent par les mêmes lettres, comme je ne sais pas trop, c’est difficile à trouver ainsi de « butte » en blanc.
Alors donc : « De l’interprétation… », j’avais noté :
Quatre entrecôtes dans le filet,
Six œufs,
Pain,
Deux boîtes de haricots,
Journal,
Litière… » [...]
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