journal de bord des Vagues -5 [pas de bords]
dimanche 10 février 2013, par
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(journal de bord de la traduction de The Waves de V Woolf)
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pas de limites, pas de bords
traduirécrire n’est pas délimité matériellement dans l’aire bien définie devant l’écran et face au texte
ça s’emmène avec soi au cours des déplacements obligatoires, se déplace, un vêtement qu’on porterait aussi en faisant la vaisselle, les lessives, en passant les vitesses dans la voiture
on fait les gestes mécaniques, la phrase plane à hauteur des yeux,
des mots flous s’alourdissent, prennent corps, s’arrêtent concrètement
"Au fond" ou "Dans les profondeurs" à la place de "Down there",
ne pas les perdre, jeter le torchon en travers du radiateur sous la fenêtre pour vite l’écrire,
"au fond" ou "dans les profondeurs",
choisir entre les deux, avant de repartir enchaîner les mouvements pragmatiques
noter les changements de temps à la fenêtre comme on remarque de très loin un détail sans importance, les évènements d’une fiction que l’on n’a pas envie de suivre
trouver l’équilibre, remplacer, ajouter,
se tromper, ce vêtement force à marcher sur un fil élastique dont on tient soi-même les deux extrémités illimitées
Messages
1. journal de bord des Vagues -5, 10 février 2013, 10:50, par brigitte celerier
traduire - être femme - retrouver ce même mélange de quotidien et de mots qui se trouve chez Virginia (n’aime pas penser écriture féminine, stupidité, reste pourtant conditions d’écriture au féminin qui font qu’un peu du monde sensible passe sensuellement dans la phrase)
1. journal de bord des Vagues -5, 10 février 2013, 13:53, par Christine Jeanney
Conditions d’écriture au féminin, comme dans Avoir une chambre à soi, V Woolf les deux pieds dans le réel et la tête loin là-haut, je le mesure aussi dans Les Vagues :-). Merci Brigitte !
2. journal de bord des Vagues -5, 10 février 2013, 10:53, par Hervé
"noter les changements de temps à la fenêtre comme on remarque de très loin un détail sans importance, les évènements d’une fiction que l’on n’a pas envie de suivre"
Magnifique. une proposition littéraire, un regard sur la vie, une lecture de Proust, y’a tout dans cette simple phrase, et je ne suis pas ironique !
1. journal de bord des Vagues -5, 10 février 2013, 13:54, par Christine Jeanney
(toi tu dis ça parce que tu m’aimes bien :-))