TENTATIVES

« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

ABC | PMG

G comme générique

lundi 1er janvier 2024, par C Jeanney

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accompagne
Lotus Seven

Il est possible, mais alors ce serait fou, qu’à la seconde du générique [1] où le héros respire le gaz soporifique, il s’endorme comme de juste, mais ne se réveille pas.
Son réveil dans l’île ?
Un rêve.
Les dix-sept épisodes ?
Des rêves.
Et reprend-il seulement conscience ?
Peut-être pas.
Si c’est le cas, le Numéro 6 n’existe pas.
Le 19 septembre 1980, Borges donne une conférence à Buenos Aires.
À cette occasion, il raconte deux sortes de rêves – ou cauchemars – qui l’ont régulièrement poursuivi [2] :
« le cauchemar du labyrinthe, le plus fréquent, dit-il, se répète à chaque fois de la même manière : il rêve qu’il se trouve dans une chambre quelconque, sans porte, sans sortie, enfermé. Une sortie possible apparaît : il voit une petite fenêtre. Il arrive à escalader et à sortir, mais pour se retrouver exactement dans la même pièce qu’auparavant. Cela peut se répéter trois ou quatre fois jusqu’au moment où le rêveur, Borges, se dit à lui-même sans se réveiller : "voilà ! C’est le cauchemar du labyrinthe !" [...] il sait dans le rêve qu’il devrait arriver à toucher le mur à gauche. Il étire son bras jusqu’à toucher le mur et là il se réveille, sauf qu’il ne se réveille pas du tout, il rêve son réveil : il rêve se réveiller dans un endroit inconnu qui se répète sans fin [3]. Le deuxième cauchemar est celui des miroirs : il voit son reflet dans un miroir, mais reflété d’une façon atroce. Ce qui devient terrifiant, ce sont les occasions où, en se regardant dans le miroir, il se voit masqué. La pensée qu’il énonce dans le rêve devient terriblement angoissante, il se dit : "si je porte un masque c’est parce que je suis horrible, monstrueux, et si je retire le masque qui sait quelle tête je verrais [4]". C’est à cet instant qu’il se réveille brusquement. »

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[1le générique de la série Le Prisonnier est un perpétuel "chapitre premier", qui raconte comment le numéro 6 devient le numéro 6, et lance la suite des événements. C’est assez rare qu’un générique possède à ce point sa propre histoire et puisse pratiquement être vu comme un court-métrage. C’est aussi le seul moment où nous voyons le monde extérieur, le seul moment où nous ne sommes pas encore englué dans la boule à neige du Village, et prisonniers. Sa singularité tient aussi à sa musique, unique, perturbante.

[2citation de Un cauchemar de Borges de Carolina Koretzky, dans La Cause freudienne 2011/2 (N° 78)

[3chaque pièce serait un épisode ?

[4sans doute la sienne, selon le rêve de PMG dans l’épisode Fall out.

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