arrondi
jeudi 24 janvier 2013, par

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Chacun pris dans une alvéole. Celle du bruit, celle de la vue, celle de l’avant.
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Arrondi qui épouse parfaitement la forme du corps enroulé – elle rêve parfois d’une maison ronde, un de ces chalets d’architectes formés de bulles de béton ou d’armatures en arches de bois courbe, et chaque meuble y est pensé pour s’encastrer et roule, se déroule, autour d’un rêve de patio fleuri ovale à admirer – elle dort. Elle se réveille, les angles pointent, les droites la poussent, comme un tapis roulant les marchandises. Elle se déplie, la verticale décide de tout, c’est tyrannique. Descendre debout l’escalier, s’incliner, lancer les bras bravement vers l’avant, prendre et tordre, assembler, debout, se déplacer en gardant le dos droit, s’asseoir genoux pliés, lignes des tibias rigide et prête à repartir tendue, segmentée, traverser l’air en l’ignorant, conserver le tranchant, bien droite ou décidée à le rester, bien droite ou en attente de le redevenir, jusqu’au soir, (est-ce que la lumière est la cause ?) jusqu’au soir où les droites vont mourir doucement. C’est une séparation constante et difficile. Les courbes, les arrondis ne viennent que la nuit, soulagent. Tout un corps de mollesse qu’elle laisse s’étaler. Sans la logique des attaches, long filament, rubans nouées en rosettes superbes, ampleur et gestes ronds, mais que la nuit pour les former. Le jour, elle escalade des barrières droites en tentant de leur ressembler. La nuit l’enveloppe, la développe comme une fumée. Chaque matin reprendre sa raideur, seule à savoir qu’elle est difforme. Se sentant étrangère en terrain familier. Parfois, ses yeux paraissent ouverts, paupières levées, mais un film opaque les recouvre, une protection mince, indiscernable, qu’elle aime porter, qui épouse parfaitement le globe de l’œil, sa courbe. Son lien avec la nuit, son amulette imperméable et salvatrice.
Messages
1. arrondi , 24 janvier 2013, 13:13, par brigitte Celerier
jouissance, en laissant, de se laisser aller, d’arrondir le dos sur les hanches, de se pencher vers l’écran pour boire les mots, de se rêver nichée en boule au fond d’une coquille... de retrouver sa nuit dans ce jour
2. arrondi , 25 janvier 2013, 05:38, par Pierre R Chantelois
Vision mythique d’une maison qui habite dans la nuit qui, elle-même, nous habite.