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« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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[Oblique (textes /premier jet)]

Les images possèdent des bords

jeudi 14 novembre 2013, par c jeanney

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Les images possèdent des bords. Les images sont dentelées sur leur périphérie. Les images se plient se perdent se déchirent. Les images sont entêtées. Mangent leurs teintes.
Les couleurs passent passées pastel, ou c’est trop de lumière qu’elles ont, trop de lumière reçue, plus qu’elles ne peuvent en soutenir. Il y a toujours le point de non-retour qui guette, point d’impossible, point de saturation, et lorsque la saturation est à son comble, l’intensité poussée au maximum, ou le contraste, les images sombrent, entièrement noires, entièrement blanches, elles s’en vont de l’autre côté
de l’autre côté inventées réelles, approximatives, légendaires, légères finalement, légères, lointaines et parées pour le vol. Et deviennent véritables. Au verso de l’image une date, un nom, un lieu, trait stylo bille, auréole d’encre, rouge mercurochrome, petites piquetures, une graphie incompréhensible et la voix, la voix de quelqu’un assis là, à côté de moi, ne donne pas d’indices. Plus haut à l’étage, loin, les volets entrouverts, le chaud entre les lamelles, et du jaune blanchi pénètrent par lances qu’il envoie, oh le beau chevalier qui fuse, la fenêtre donne sur la rue, en contrebas ils et elles passent, me sont reliés, filiation de filins cordes pattes d’araignées développées, excroissances reliées aussi parce qu’il fait doux et que là-bas ce monde n’est pas démontrable

ce monde est une parcelle prégnante, un charivari épinglé, une calamité un embrasement et un essoufflement précieux
une lance de soleil entrée par une fenêtre, un cavalier qui s’obstine, une ruine, un bouleau seul, qui accepte l’automne
il est debout, un arbre debout comme un homme, et quand ses feuilles se retournent on voit sur l’envers des gouttes d’eau parfaites capter les reflets véritables puis se laisse souffler, l’homme arbre n’en est pas meurtri, cette patience qu’il a, lui et les siens, déborde des images
cette idée qu’il faut amasser, engranger sur la paroi toutes ces images finies passées pastel indescriptibles
chaque jour une giornata à travailler et ses couleurs vivantes et autonomes, le mur n’en finit pas de dire de montrer de refuser la brume comme la clarté trop crue
il y a ensuite cette note avec sa tessiture à retrouver tout à coup, je la cherche dehors mais tous les fils mènent à un seul endroit
une coque tressée juste, juste à côté, m’enveloppe et j’en suis responsable, pour elle, et pour la giornata suivante


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