que dans ta petite tête
dimanche 20 octobre 2013, par
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que dans ta petite tête, tu ne vois que le genre au milieu de l’action, que c’est très restrictif et petit et médiocre d’être coincé par il ou elle pour commencer, et se relire, tu aurais décidé d’écrire sans te relire et ça te ferait peur en même temps qu’une grande joie, comme si le tempo était juste, que tu t’accordais aux battements, écrire sans se relire comme le monde, le monde s’écrit sans se relire tout le temps, le monde avance sans se relire en oubliant sa phrase précédente, son histoire précédente, le monde n’apprend jamais, n’inclut pas les idées, aujourd’hui sur le rythme du monde il y a l’éloignement de qui fait peur, le juif le pauvre le sans papier, le noir, le fou le réprouvé, comme à l’époque antique, nous sommes à peine sortis de la caverne et nous n’apprenons rien si peu, ces gens qui sortent avec des battes de base-ball mettent le feu, arrachements, cette violence visible, larmes égorgements et saignements, et la violence en douce en d’autres lieux, celle qui achève, qui note, qui constate qui démarque, ils étaient trois dans un café de la région parisienne lorsqu’ils ont été arrêtés, presque par hasard, leurs noms notés et leurs dates lieux de naissance consignés et dans des trains ensuite vers un enfer, un lieu d’enfer, on a souvent écrit sur ces lieux-là, souvent dit sans apprendre quelque chose, sans que ça serve au juif au fou, au réprouvé au noir, il était l’un des trois et malgré son nom et son prénom qui le protégeraient deux fois, prénom béni et nom qui veut dire avec l’ange, rien ne l’a protégé, il était beau comme un soleil, Protégé pourrait être ce nom sans en être un ce n’est pas un prénom d’usage, usé, usuel, pas un prénom ni un nom qui donc si il ou elle ne se relisait pas, ne revenait pas sur les gestes formés, quelle importance, ce elle ce il quel nom, quel nom donner, monologue de l’oblique, l’oblique le force, même protégé, à redevenir pâle et mince et maigre et symbolique me dit celui ou celle qui est assis juste à côté de moi et qui parle
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Messages
1. que dans ta petite tête, 20 octobre 2013, 10:31, par brigetoun
ceux qui sont sortis de la barbarie et qui n’aspirent qu’à y retourner, peuvent-ils s’arrêter à un nom un prénom, un sourire, une humanité ? ou vouloir les abaisser
2. que dans ta petite tête, 20 octobre 2013, 11:00, par Christine Simon
Texte inspiré. Merci.
3. que dans ta petite tête, 20 octobre 2013, 11:24, par czottele
que dans ta petite tête ça tourne bien ! que dans ta petite tête ça continue à ne pas se relire comme le monde ! que tes mains sur le clavier pianotent en rythme le battement fou du monde ! voilà qui réjouit mes yeux à l’oblique !