journalier 13 02 16 / morceau de poulpe à tentacules
samedi 13 février 2016, par
– je parle avec une dame hier pendant une heure, je lui parle d’Oblique, j’essaye, et en parlant je comprends d’autres choses qui m’échappaient (rien n’est jamais fini alors), il va falloir que je traduise tout ça dit-elle (moi aussi, moi aussi)
– je parle avec une autre dame mercredi et ce sont les blancs entre les fragments d’Oblique qui prennent corps (des blancs qui servent à respirer ? ou à faire de la place pour que, qui lise s’insère ?)
– je donne Oblique, l’envoie aux proches, à ceux que j’aime et chaque détail du moment de leur réception devient gigantesque à mes yeux (c’est peut-être la plasticité du cerveau qui fait ici loupe grossissante),("la voix à la petite couverture blanche" au téléphone est encore plus inattendue), (l’enveloppe ouverte presque en direct, je pourrais exploser en mille morceaux), (le mail qui dit "tisser" comme un châle de laine jeté sur moi, la sensation brouillée de ne plus jamais avoir froid)
– quel est votre prochain projet ? demande la dame d’hier (il fallait bien répondre avec des mots, alors qu’une carte heuristique folle, un poulpe à tentacules multipliées, éclats, jonctions, rails effacés, voilà ce que je voyais)
– l’émission sur John Cage utilise le Yi Jing (je vais sur un site pour l’activer, il me répond retrait puis expansion, c’est respirer alors qu’il faut) (respirer c’est la mer, la vraie et l’autre)
– Samedi 7 février1931
Voyons que j’utilise les quelques dernières minutes dont je dispose pour consigner que grâce au ciel j’ai terminé Les Vagues. Il y a un quart d’heure j’ai tracé les mots : "Ô mort !" ayant dévalé les dix dernières pages, en passant par des moments d’une telle intensité, d’une telle exaltation qu’il me semblait courir en aveugle à l’appel de ma propre voix ou plutôt, peut-être, à celui d’une voix indéfinissable (comme à l’époque où j’étais folle). Et au souvenir des voix qui volaient devant moi alors, je ne me sentais pas très rassurée. Toujours est-il que c’est fait (...). (Journal intégral de Virginia Woolf)
– les voix, d’autres voix, ces voix (l’intense, le pas très rassurée, voilà)
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Messages
1. journalier 13 02 16 / morceau de poulpe à tentacules, 13 février 2016, 13:20, par brigitte celerier
essayé hier soir, ce matin, de mettre ma voix sur l’oblique - enfin ça oui, et en bafouillant, mais j’aurais voulu mettre l’oblique dans ma voix, et ça pas possible… surtout en ayant l’idée de tout ce qui est à côté, autour, qui m’échappe et puis surtout avec en mémoire ta bande son
enfin...