saugrenette de l’esthétique à reconsidérer (32)
lundi 8 avril 2013, par

ainsi cet homme devant moi transporte dans son caddie des géraniums (ou des pensées, ou des œillets, enfin des plantes en godets à repiquer) et du terreau, trois sacs, j’en déduis qu’il a décidé de s’en prendre au jardin ; l’homme place devant la caissière, sur le tapis roulant, une grande boîte rectangulaire, avec photo et descriptif : OISEAU DÉCORATIF ; un oiseau de métal, le bec en forme de spatule de la couleur d’une glace à l’eau, un échassier à longues pattes noires palmées de rouge, et son plumage vert bleu argent ("oiseau extravagant" serait plus adapté) (ou c’est Léocadia qui passe) ; ce volatile très laid n’aurait pas survécu dans la nature, soumis sans cesse aux quolibets des autres, considéré comme un paria, quel dévouement de l’adopter (oh je me moque ; mais la laideur, poussée à bout, parfois s’inverse et devient grâce ; ils ont bien du courage, les oiseaux de fer qui bariolent, de se laisser juger par plus dur qu’eux)
(manque la photo)
Messages
1. saugrenette de l’esthétique à reconsidérer (32), 8 avril 2013, 04:05, par Pierre R Chantelois
Nous avions un maire qui aimait tant la nature et l’horticulture que nous l’avons affectueusement surnommé Géranium Premier. Et c’est par la laideur que nous découvrons la beauté. N’est-ce pas ?
1. saugrenette de l’esthétique à reconsidérer (32), 8 avril 2013, 11:59, par Christine Jeanney
"Géranium Premier" ! (on sent l’admiration des foules et on peut imaginer la statue à son effigie, les mains vertes :-))
2. saugrenette de l’esthétique à reconsidérer (32), 8 avril 2013, 07:29, par brigitte celerier
merci d’apercevoir la grâce courageuse de la laideur - au fond le bonhomme au caddie (viens d’apprendre à l’écrire) a peut-être une âme sensible qui l’a amenée à l’adopter cet oiseau disgracié
1. saugrenette de l’esthétique à reconsidérer (32), 8 avril 2013, 12:00, par Christine Jeanney
oui, sa sensibilité ne fait pas de doute (et moi, coeur de pierre, qui n’ai pas acheté cet oiseau, honte sur moi :-))
3. saugrenette de l’esthétique à reconsidérer (32), 8 avril 2013, 08:57
Bah, les oeillets-dindes sont au moins aussi laids que les volatiles-roses, et au fait, qu’y avait-t-il dans vôtre panier ? (On trouve de ces trucs dans les jardineries )
1. saugrenette de l’esthétique à reconsidérer (32), 8 avril 2013, 12:03, par Christine Jeanney
C’était une grande grande surface et j’avais des pains au chocolat et de la lessive (donc, rien qui puisse agrémenter mes bordures :-)) (en plus, jardiner, c’est fatigant, il faut se pencher, se mettre de la terre partout, éviter les insectes, écraser furieusement les fourmis, donc finalement je vote contre)
4. saugrenette de l’esthétique à reconsidérer (32), 8 avril 2013, 10:40, par Philippe Aigrain
J’avoue avoir une fois placé un héron en plastique au bord d’un bassin pour empêcher ses congénères de chair et d’os de boustifailler les carpes. J’étais sorti du magasin avec le héron plastique sous le bras et la tête basse. Mon héron n’était même pas assez laid pour atteindre la beauté par inversion.
1. saugrenette de l’esthétique à reconsidérer (32), 8 avril 2013, 12:09, par Christine Jeanney
Mais ça soulève un point important : si la beauté est belle (sans conteste), si la laideur extrême s’inverse pour tendre vers le beau (on le constate), alors la juste beauté-laideur moyenne, infiniment discrète, est l’image juste de la sagesse.
(je tente de restaurer l’ego de ce héron pas assez laid pas assez beau, mais sauveteur de carpes quand même) (ce qui n’est pas donné à tout le monde) (personnellement je n’ai jamais sauvé de carpe, aucune) (que la honte m’engloutisse :-))
5. saugrenette de l’esthétique à reconsidérer (32), 8 avril 2013, 20:06, par brigetoun
mais vous m’avez tous les deux bien fait rire, ce qui n’est pas tout à fait donné à tout le monde