-* [protocole (5 textes 5 images tous les 5 jours)]

Un. Sur les 5 jours qui séparent le W5 13 de ce W5 14 d’aujourd’hui, j’en ai passé 4 à faire ma vidéo. Moi qui aime les formes courtes (pour ne pas trop ennuyer autrui, pour ne pas prendre trop de place, donc pour ne pas trop m’exposer, je dois travailler là-dessus, sur ce que je m’accorde comme crédits), je n’ai pas mesuré le temps : 4 jours pour produire un film de presque 9 mn (à 3 secondes près). Je regarde mon historique de vidéos, la majorité d’entre elles tournaient entre 2 et 4 minutes (sauf une de 7 mais j’avais décidé de lire un texte déjà écrit, je ne pouvais pas lire plus vite que ma bouche). La question du temps qu’on occupe, qu’on prend, qu’on décide d’investir c’est quelque chose, (c’est comme l’argent, qui n’est presque jamais la question de l’argent mais souvent affective, sociale, individuelle, entre le statut, l’apparence, le pouvoir et le désespoir), le temps n’est pas qu’une question du temps. Le nombre de choses souterraines est illimité pour mon cerveau limité.
UnDeux. Mon dossier "phares" (qui regroupe la matière que j’ai utilisée) est rempli d’extraits de vidéos, parfois de plusieurs minutes ou de quelques secondes, aux noms bizarres (que j’ai renommé bizarrement) (pour me repérer) : bras rouge, orage, grotte 1, grotte 2, intérieur phares, moisson du ciel, papier peint, pétrole, un condamné à mort, murmuration, mer de glace, pots de pierre, etc. Certains extraits, comme intérieur de phare et pots de pierre ne m’ont pas servis. C’est la question de ce qu’on amasse pour faire, et qui n’est parfois pas logique, ni utile, ni visible, mais qu’on garde, alors est-ce que c’était indispensable ? (c’est la question).
UnDeuxTrois. Après vient la question du matériel. J’ai utilisé des fonctions de mon ipad que je ne connaissais pas (aussi pour produire des sons). Ce qui veut dire en gros que j’ai bien plus de matériel à ma disposition que j’en sais. Il y a toujours plus de choses à prendre, à utiliser, à agencer et réagencer qu’on en connaît, et ce constat retombe sur les pattes du constat de l’argent, du temps et de la place qu’on s’octroie, questions qui n’ont que le début de l’idée de ce qu’il en est réellement (le souterrain, que je mets ici entre parenthèses, mais qui est tellement actif qui n’est pas souterrain, c’est comme les parenthèses, parfois ce qui est entre parenthèses est crucial, comme dans les livres de Virginia Woolf).
UnDeuxTroisQuatre. Le rapport au travail fait que la vie change. Ses données changent. Les frustrations aussi. Parce que j’étais en train de faire phares, j’ai vu et entendu des choses que je n’ai pas pu conserver. certains bruits que je n’ai pas pu enregistrer pour inclure dans ma bande son (dans ma ville, en allant d’un endroit à un autre). Des images (un merle volant juste devant mon pare-brise, trois tourterelles alignées sur le toit du supermarché, placées comme des statues).
UnDeuxTroisQuatreCinq. Je ne mets pas cinq photos aujourd’hui, mais 2 + rien (celles que j’ai ratées) + une vidéo + un son.
J’ai commencé une collection : photographier les plumes tombées (et où elles tombent).
Et puis le son d’un extracteur qui n’est pas très en forme, je l’ai enregistré avant qu’il meurt, parce que quand on ne peut plus on ne peut plus.

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