Tout ce que j’imprime comme tests du futur JDBDV ne me plaît pas. C’est assez déstabilisant, mes mains sont inefficaces à me sortir de moi, de ce que je sais faire. J’ai envie d’être étonnée par ce que je fais. J’ai envie que ce que je fais ne soit pas propre à moi, enfermé dans moi. La peau, les limites, les frontières, les vitres, il y a aussi ce genre de trucs quand on se prend à fabriquer quelque chose. J’ai envie que ce que je fabrique ne me ressemble pas, même si c’est un peu illusoire (ou carrément). J’ai repris une vidéo que j’ai faite en début d’année, et qui s’appelle archives. je pensais être assez fière d’elle, du résultat, mais non, je n’arrive pas à la regarder, elle m’exaspère. Ou plutôt, je n’arrive pas à l’écouter : c’est la bande-son, ma voix, de petites notes faiblardes, un condensé de nostalgies accumulées. Les images en soi me plaisent beaucoup : elles ne sont pas à moi. J’aurais envie d’un autre texte pour les accompagner, dit par quelqu’un d’autre. Mais c’est peut-être un autre os que je ronge, parce que je n’avance pas, point mort, avec le reste. Je tente peut-être une diversion. C’est humain. Je devrais peut-être tout chiffonner, tout recommencer. Ou bien faire l’exercice de ne garder que les images de la façon dont elles sont assemblées actuellement et de faire exploser la bande-son. De m’enlever, moi, de la bande-son. De prendre des sons ailleurs. Comme ce que je fais avec les minutes papillon mais sorti du cadre de mes paterns, habitudes, modes d’emploi, notices, gestes connus. Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau. Je veux être étonnée, au lieu de constater que le temps passe, constat basique, qu’il passe avec la vie, nos vies, constat plus que basique, et que le jour où les hommes vivront d’amour etc. ne se lèvera peut-être pas, en tout cas pas de mon vivant (nous aurons eu la mauvaise partie), constat fiable (et qu’est-ce qu’on en fait). Hier la mer était d’une colère sourde.

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