J’ai besoin de reprendre pied, reprendre main et fabriquer. Je pense avec les mains. Je prélève les phrases que j’ai envie de ré-entendre. J’abandonne. J’y retourne. Quelque chose comme le centre, ça n’existe pas. Le centre ne tient que par ses bords et il n’y a pas de bords. S’il n’y a ni centres ni bords, il n’y a pas de grands hommes à statufier. Ce serait inouï de vivre sans statues. Plus je regarde, plus je les vois comme des points de rouille, des chancres. La vie consiste à éviter les milices par endroits, à repousser les suppressions de mots à d’autres, à acheminer des vivres et des médicaments aux multitudes naufragées. S’il devait y avoir un centre, il faudrait y placer les naufrages. C’est par réseaux qu’on ne se laisse pas faire. Tant qu’on fera de la pâté pour chiens avec des chevaux, on butera sur l’abominable de l’esprit comme la mouche sur la vitre. De nombreux Dorian Gray nouent leurs cravates tous les matins. Je propose qu’on fasse gicler de la peinture sur leurs chaussures. Des tricoteuses fabriquent un soutien gorge et une culotte pour la statue d’un quelconque christophe colomb, dans l’idée d’un avenir souriant. Nos cartes de géographie sont submersibles. Il y a beaucoup de travail et beaucoup de bonnes volontés. Je suis furieuse. C’est fatigant, mais en couture on doit prendre un fil à la fois.

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