TENTATIVES

« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

BLOCK NOTE

block note - cascade

vendredi 19 décembre 2025, par c jeanney

Des mots gentils ce matin : autodidactie, je l’aime bien celui-là, il est sûrement au milieu de mes organes et un jour, pendant un examen, irm ou échographie, on le pointera pour me le montrer, on me dira il va bien, pas de tumeur. Les autres mots gentils sont May et Picqueray, prénom et nom propre que j’avais oubliés mais qu’Hélène Frédérick réactive, je me souviens du plaisir de lire La Réfractaire, il y a longtemps (il y a maintenant une réédition), à un moment où je n’écrivais pas encore, une période où j’étais faite de pâte à modeler naïve. Je retrouve ce livre comme un vêtement ancien, qui va toujours, pas trop bouloché, presque pas usé. Hier, à la friperie, je n’ai pas vu comme d’habitude sur les portants de quoi recycler dans une optique écologique, j’ai vu, dans les manteaux, les capuches, les manches alignées, des tas de gens sur les cintres, et chacune de leurs histoires m’échappait. L’impression d’être dans un mausolée qui ne possédait pas ce statut, pas de minute de silence, mémoires laissées à tous les vents. Il y avait un panier d’osier rempli de crucifix en vrac, et à côté, recouvert de velours rouge, un support en carton dédié à notre dame de lourdes au prix de 1 euro. Au dos était écrit "eau de lourdes dans la cascade", mais le morceau de métal supposé figurer la cascade s’était décollé. Il restait encore une bulle de plastique en relief, avec, je le suppose, la goutte au centre. Je crois que la question matrice c’est "en quoi croire", que la croyance est une sève, suc sucré, dans l’environnement quotidien, affiches, arrangements, décisions, avis, et que les impressions sont toutes impressionnantes de croyances clandestines. Croire en la puissance de l’ia, en la justice qui se fera un jour où l’autre, en la cohérence des trajets, de l’avenir, du marché, croire aux bénéfices bienfaisants, au sang bleu, aux autoroutes, aux prémonitions, aux constats de glaciers moribonds, c’est selon sa croyance qu’on place un pied devant l’autre après le réveil du matin, en croyant aux matins. D’où l’importance de la question "en qui croire", fille de la question "en quoi croire", et je constate que, ce vendredi, je crois en May Picqueray.

(j’aime bien cette image où elle ressemble un peu à un shérif)

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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)

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