block note - disons
lundi 14 avril 2025, par

Je pense qu’on a toujours plus de ressources qu’ont croit, plus de possibilités qu’on le croit et plus de choix qu’on ne l’imagine, peut-être que le mot "imagination" est maladif, mal perçu, mal en point, entortillé de ligatures, peut-être qu’on le voit comme une rêverie de nuages et de licornes, quelque chose de singulier, de rare, de pas commun, "quelle imagination !", ce qui est un moyen de le dégoupiller, d’en limiter la zone d’activité, de le changer en vieux chiffon à nettoyer les vitres. Si ça se trouve, il n’y a pas de vitres, et l’imagination est une ressource énergétique peu utilisée, car parquée dans un lieu peu accessible, ou pas accessible à tout le monde, ou qualifié ainsi en y clouant un panneau voie de garage. Les humains naissent pourtant avec beaucoup d’imagination en stock, il leur suffit d’une ombre sur le mur ou du gling d’une clochette pour voir passer un dieu, un ange, un farfadet, et ils posent facilement les questions crues, celles qui retricotent autrement, comme pourquoi la pauvreté ou la richesse. Une grande partie de la génération précédente les désarme, bride et carcan, c’est très étrange ce refus, cette mise à l’écart, ces têtes tournées ailleurs, humainement, anthropologiquement, ça n’a pas forcément de sens. Il y a peut-être eu des sociétés où l’imagination se travaillait comme l’argile, sans y penser plus que ça, en l’intégrant dans les activités nutritives et sociales, leur organisation, pas plus, pas moins. En ce moment, c’est moins. On n’imagine pas autrement ce qui se passe, qui se passe comme il se passe, parce que tout le monde a ses raisons, dixit La Règle du jeu, et qu’au fond Life’s Full of Consequence. Bien sûr Lennon a chanté l’imagination simple, mais là aussi il y a une sorte de facilité à ce que sa chanson reste assignée à un lieu clos et n’en déborde pas, c’est ironique, car sûrement c’est l’inverse qu’il voulait (j’imagine). C’est devenu un tube, c’est resté dans un tube. L’étanchéité est un problème.

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Messages
1. block note - disons, 14 avril, 18:11, par PdB
(je suis à peu près certain qu’il n’y a pas de vitre, en effet) à peu près, pratiquement - un état second ou troisième pourquoi pas - une espèce de rêve - un fantasme un oubli un moment d’inattention et le truc déboule... ma tante (une de mes tantes) disait souvent, dans ses phrases, au début parfois, au milieu plus souvent ou pour accréditer sa thèse "tu ne peux pas imaginer" (j’use de l’acronyme TNPPI pour penser à elle - c’est une entrée possible du journal) c’était pour aussi dire qu’elle, elle imaginait très bien merci, en effet, mais que c’était à peine croyable... (jl’aime toujours)
1. block note - disons, 15 avril, 08:57, par c jeanney
ah, aah, "je suis à peu près certain qu’il n’y a pas de vitre", ça c’est une phrase pour une broderie, je note, merci Piero)))
2. block note - disons, 15 avril, 07:01, par brigitte celerier
sage Piero ! oui
1. block note - disons, 15 avril, 08:58, par c jeanney
(c’est ce que je me dis tout le temps :-))