J’étais un jeune garçon assis avec d’autres dans un vieux bâtiment, une très vieille école, prestigieuse, aux murs recouverts d’œuvres, de toiles, de noms d’artistes que je ne connaissais pas, et parce que j’avais répondu jaune à sa question le professeur me demandait si j’étais volontaire, intéressé par cette matière, l’art, il me disait que je pourrais en faire mon métier, et tout s’ouvrait, j’avais une longue vie de jeune homme devant moi pour apprendre, pour me spécialiser, réaliser moi aussi des œuvres, à perte de vue. Je me suis réveillée et mon cerveau a comparé terme à terme le jeune homme que j’étais avec la jeune fille que j’avais été, ignorante de l’existence de ce genre de bâtiments, pas sur mon chemin, ni dans la vie ni sur ma carte mentale. Qu’est ce qui fabrique nos étendues, pourquoi sont-elles plus larges en rêve. Hier, étant malade, je n’ai rien pu faire d’autre qu’écouter une série de podcasts sur le rire, Alphonse Allais (avec les voix de Jacques Roubaud, de Micheline Dax et de Roger Carel), Pierre Dac, Lenny Bruce. Je me suis demandé, pour aujourd’hui, la Riviera à Gaza, comment ces deux mots se rencontrent sans que ça fasse caricature, gag, effroi, dans la même phrase, la même tête, les mêmes esprits, l’acceptabilité. Commerciale avant tout. Si la démocratie ou l’humanisme gênent, qu’on les pousse. La voracité financière salit l’air, l’eau de pluie, le sol et écrabouille. Elle n’a pas de frein, alors qu’est ce qui pourrait mal tourner ? L’incipit de l’émission de Sylvain Bourmeau est mentalement cartographiable. Après les annonces en flots, qui servent ainsi deux fois, à affoler et à sidérer, pour que les réponses ne servent pas de boucliers mais soient des miettes qu’on peut chasser d’un souffle, il va bien falloir se ressaisir. J’entends parler de sabotage.
Brode ma fille, brode, disait Baba Yaga.

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