TENTATIVES

« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

BLOCK NOTE

block note - fauteuil

jeudi 19 décembre 2024, par c jeanney

Aujourd’hui je relis Bien assise, car sa publication se précise, et je suis assez heureuse, le texte reste actuel, même s’il s’est passé beaucoup de choses concrètement depuis son écriture (je veux dire dans ma vie, mon organisation au quotidien, je ne parle pas de tout ce qui s’est passé dans le monde), c’est pratiquement comme si je venais de l’écrire, là, tout de suite, et ça ne m’arrive pas souvent, j’ai plutôt tendance à relire ce que j’ai écrit il y a quelques semaines avec une sorte d’abattement, ça ne marche plus, ça ne tilte plus, et là ce n’est pas le cas, sans doute à cause du thème qui me touche de si près, au-delà du thème familial proche, au-delà de la matière autobiographique, il y a des interrogations toujours présentes dans ce texte, toujours vives, et toujours sans réponse, la première d’entre elles étant : pourquoi ? pourquoi quelque chose plutôt que rien ? Je relis et je ne fais que de petites modifications. J’avais présenté le premier jet de ce texte à la communauté des ateliers d’écriture du Tiers livre, en cherchant de l’aide, parce que Bien assise est fait de trois parties inégales, et que ça me semblait ne pas fonctionner, ne pas faire corps. Grâce aux retours, et aux conseils (c’est très précieux comme expérience) j’ai pu prendre de la distance. J’ai essayé de changer l’ordre et/ou le contenu des trois parties, mais je n’ai pas réussi. Je trouvais ce texte bancal, mais à force d’essayer de le « rasseoir » (haha, rasseoir bien assise) j’ai peut-être compris quelque chose : il doit être construit comme il est construit actuellement, en trois volets inégaux. Parce qu’il y a un mouvement d’ensemble. Le premier volet est saturé, gonflé, comme un soufflet qui déborde du moule, le deuxième volet commence à mettre des barrières ici et là, il n’arrête pas de penser « calmons-nous » sans le formuler à voix haute, et au troisième volet je passe la main, j’arrête de lutter, de juger, j’accueille. Peut-être qu’il y a quelques mois, je me sentais incertaine, vasouillarde, floue, perdue avec ce texte. Que je voulais le colmater ou le calmer. Le tordre pour qu’il soit plus facile à poser sur une étagère ou dans un tiroir et que je puisse passer à autre chose. Aujourd’hui je l’accepte. Je n’ai plus besoin de le dominer, d’en faire ma chose, malléable. J’accepte sa part d’inconnu, de « c’est comme ça », comme pour cette histoire de trois parties qui me chagrinait tant. Et même son titre, j’accepte qu’il ne soit pas ce que j’aurais pu prévoir, penser ou programmer, il a une part non négociable de « hors de moi », c’est peut-être ça qui me passionne le plus dans ce que je fais, au quotidien, la surprise de ne pas le comprendre.

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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)</

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