block note - gestuel
lundi 28 avril 2025, par

J’ai trouvé la reliure que je veux faire pour mon livret de Kew Gardens et j’ai maintenant de vagues principes à propos de la couverture, sauf qu’il me manque l’idée du support, il me faudrait quelque chose de simple, d’accessible, et j’ai bien envie de tester n’importe quoi qui se trouverait dans ma zone d’action, que je puisse me procurer facilement. J’aime le côté do it yourself. Je regarde des vidéos de scrapbooking, pas tellement pour le résultat que je trouve souvent hum mais pour le procédé, l’invention, l’idée hors norme du comment faire en passant par le soupirail plutôt que la porte d’entrée. Je suis aussi influencée par des verbes que j’aime, comme le verbe maroufler. J’aimerais que mes couvertures soient marouflées, pas tant pour l’esthétique que pour pouvoir dire "mes couvertures sont marouflées". La vie sort de partout dans ma cour, tout est en action, tiges, boutons, bourgeons, surtout les clématites dont une s’élève de plusieurs centimètres par jour, elle est déjà plus grande que moi alors que cet hiver elle dormait tout au fond d’un invisible en pot, niveau orteils. Les passiflores sont exemplaires, elles lancent un salmigondis de feuilles serrées et un lasso attrapeur en donnant l’impression que rien ne pourra les arrêter. C’est le contraire de la mort autour, de la sclérose autour, du rétrécissement des pensées et de leur illogisme. Autour c’est inversé, ce sont des actes de trucidation, serrés, qui lancent des lassos d’effacement et d’annihilation. Ça semble inarrêtable mais rien n’empêche, rien n’empêche le sécateur de couper la vie rageuse de la passiflore, comme rien n’empêche de repousser la rage absolue de détruire. La merlette doit couver, je ne vois que le merle en ce moment. Il arrive comme un hooligan, se pose brutalement près des vers séchés, les prend dans son bec un par un, se les ajoute, en tapotant son bec par terre entre chaque prise, pour les caler et les garder bien emmanchés. Ça lui fait un plumet éclaté d’orange pâle à transporter, et d’un seul coup il repart, comme après avoir pris un élan invisible d’un coup de patte invisible contre le sol. Il s’en va toujours dans la même direction, celle du nid sûrement. Certains moineaux sont un peu chiffonnés, et ronds. Quand ils descendent au sol, on a plutôt l’impression qu’ils se laissent tomber. Comme un nageur qui arrête sa brasse. Ils coulent et repartent en volant nageant, comme si de rien n’était, comme si l’instant d’avant ils ne s’étaient pas jetés dans le vide. La vie est vraiment fearless, alors que nous, le plus souvent, c’est la peur qui nous pousse.

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Messages
1. block note - gestuel, 28 avril, 20:59, par PdB
Oui en arrivant vendredi soir il y avait là un rouge-gorge debout sur un petit piquet (si tout va l’image demain au journal) et chaque jour lui ou un de ses amis (ou une ?) venait passait restait observait debout sur le banc puis s’en allait (on ne lui a pas donné de prénom mais enfin...) ( et tant mieux pour l’exemplaire unique...)
1. block note - gestuel, 29 avril, 10:51, par c jeanney
nous aussi un rouge-gorge, mais solitaire (et puis des couples de mésanges, les charbonnières qui arrivent comme des gangsters qui font déraper leurs motos, et les bleus plutôt princesses très cultivées))) (merci Piero))