TENTATIVES

« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

BLOCK NOTE

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lundi 7 avril 2025, par c jeanney

J’aurais envie d’en savoir plus sur Gabriele Münter depuis que j’ai vu ses peintures sur vitres, mais je voudrais lire autre chose qu’une biographie, je préférerais la lire elle, lire ce qu’elle pense, comment elle voyait les choses. Je n’ai plus envie d’écrire ce matin. C’est comme un soulagement, une bonne réponse, une technique de repos sans équivalence. Je crois que les couleurs et les traits me vont et j’en parle ici comme ça vient, sans écrire. Je suis abonnée à un site, je me demande pourquoi, une fois sur deux les articles sont assénés de façon autoritaire, comme des claques, j’essaye de voir le fond au-delà de la forme, parce que certaines idées de ce site me travaillent moi aussi, et à chaque fois j’oublie, j’oublie que la forme et le fond sont rarement contradictoires. J’observe les oiseaux, parce que bientôt ce sera fini, j’arrêterai de remplir les mangeoires le mois prochain. J’ai repéré une mésange charbonnière qui reste assez près du sol, récupérant les graines de tournesol dans les cailloux, buvant l’eau de ma plante aquatique. Une autre charbonnière qui doit sûrement être de sa famille est au contraire toujours en haut, au plus haut du support à mangeoire. Il y a peut-être une hiérarchie entre elles. Ou bien l’une est fatiguée et l’autre pas. Ou bien l’une ne craint pas les chat, l’autre si. Ou bien l’une ne sait même pas que le sol est dangereux à cause des chats alors que l’autre le sait et ne l’a pas prévenue. Une mésange bleue passe plus vite que tout le monde, en haut, en bas, comme ça lui vient. J’apprends que Anna Jouy est morte samedi. Je n’avais pas vraiment de contacts avec elle, mais je savais qu’elle existait et j’étais sûre qu’elle existerait toujours, c’est comme une mauvaise farce cette nouvelle, il s’est passé quelque chose samedi et je n’ai rien vu, rien senti, il y aurait dû y avoir un coup de canon, ou un éclair, quelque chose de concret, car elle écrivait concrètement. Dans Des feuilles qu’une fois, elle écrit "il y a un râteau pour les mots de mes feuilles : je bégaie, je rature / Terre, tu es la matière vivante de mes cellules / je raisonne comme la tourbe, les taupinières, les flaques". Elle ne va plus écrire, c’est quand même complètement n’importe quoi la mort. Ou alors elle écrit en ce moment "je raisonne comme la tourbe" et la question du jour, samedi ou pas, n’a pas lieu d’être.

Gabriele Münter, "Paysage avec cabane au couchant", 1908 © ADAGP, PARIS, 2025

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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)

Messages

  • (pour Anna Jouy, pareil (ces choses-là arrivent et frappent, sans avertissement) - et pour les Cosaques des frontières aussi - quelque chose de présent, le savoir là, QazaQ et ses éditions) (un peu comme les vases communicants - on les savait là) mais c’est le monde qui veut ça - le mouvement du monde - passons, nous ne faisons que passer - on s’en souvient - de nouveau le printemps - du nouveau au printemps - continuons quand même, malgré tout... collectivement oui.

  • ou bien l’une chante, l’autre pas ...

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